Le centre Rafiki Hamilton a accueilli un Sommet destiné aux hommes noirs. La rencontre, qui a attiré une soixantaine de participants bilingues, a favorisé l’échange sur des questions liées aux réalités des nouveaux immigrants au Canada et aux défis à surmonter.
Olaïsha Francis – IJL Réseau.Presse – Le Régional
L’initiative « Conférence pour les hommes » a été lancée par la directrice du centre Rafiki, à la suite du constat qu’il n’existait pas d’espace où les hommes pouvaient discuter librement de leurs défis personnels et culturels. Le Mois de l’histoire des Noirs a été un moment propice pour rassembler les hommes de la communauté et pour aborder des sujets importants tels que la gestion des biens, la reprise des études, la recherche d’emploi ou encore la santé mentale, un sujet trop souvent tabou dans la communauté.
« L’objectif était de leur fournir les informations dont ils ont besoin pour bien s’intégrer et relever les défis quotidiens que rencontre notre communauté », explique Liliane Kabamba, directrice générale du centre Rafiki Hamilton.
L’un des sujets les plus marquants présentés au cours de la conférence a été le choc culturel subi par de nombreux hommes africains récemment immigrés dans le sud-ouest de l’Ontario. Il est parfois difficile de s’adapter à la vie canadienne qui change par rapport au pays d’origine. « Les hommes remarquent que la famille n’est plus celle qu’ils ont connue en Afrique. Par exemple, la femme devient plus indépendante et elle n’a pas d’autre choix que de travailler. L’homme se retrouve parfois sans emploi ou dans un emploi inférieur à celui qu’il tenait en Afrique. Cela peut créer un inconfort au sein de la famille », précise Mme Kabamba.
En effet, dans de nombreuses sociétés africaines, il est courant que les hommes prennent toutes les décisions et gardent leurs inquiétudes pour eux-mêmes. Les femmes, quant à elles, doivent s’occuper des enfants et de la maisonnée, mais arrivées au Canada, la plupart des femmes trouvent des petits emplois, et ce, souvent plus rapidement que leur mari.
L’intégration de la femme sur le marché du travail et la transformation de la dynamique familiale qui s’ensuit est une réalité difficile à avaler pour certains. « Les hommes ont parfois l’impression de perdre leur identité, car ils n’ont plus le rôle de pourvoyeur qu’ils avaient auparavant. Ils doivent s’adapter à une nouvelle réalité où la femme comprend ce qu’on appelle l’égalité des genres, qu’elle a une place dans la société et qu’elle peut s’exprimer, ce qui peut être mal vécu et mener à des séparations », explique-t-elle.
Afin de mieux préparer les participants à la composante juridique de leur nouvelle vie, un avocat francophone spécialisé dans l’immigration, Dieudonné Kandolo, a animé une session. « Ce type de conférence est essentiel pour aider les nouveaux arrivants à comprendre leurs droits et obligations en tant qu’homme et femme, en vertu du droit canadien. Cela les aide à planifier l’avenir de la famille », souligne l’avocat.
Pour certains, comme Daniel, un nouvel arrivant originaire du Cameroun, la conférence a été une révélation. « Il y a beaucoup d’activités pour les femmes, mais je pense qu’il n’y en a pas assez pour les hommes. Cette conférence m’a fait réaliser l’importance d’aborder des sujets souvent tabous dans nos cultures, comme la santé mentale. Il est crucial de les prendre au sérieux et d’agir en conséquence », confie-t-il.
Le débat sur la santé mentale, et notamment le nombre élevé de suicides parmi les nouveaux arrivants, a particulièrement touché Daniel. « En tant qu’homme noir, il est essentiel de reconnaître les défis qui nous attendent et de s’unir pour les surmonter. Ces espaces d’échange sont indispensables pour partager, s’entraider et trouver du réconfort », ajoute-t-il.
Cette conférence représente une étape dans la prise de conscience des défis particuliers auxquels sont confrontés les hommes noirs, en particulier ceux qui ont récemment immigré au Canada. Les organisateurs espèrent que ce type d’événement deviendra plus courant et offrira un espace de soutien et de discussion permanent. « En raison du succès de ce Sommet, nous avons pris la résolution d’organiser des rencontres mensuelles pour les hommes, et ce, sur des sujets qui les intéressent », a indiqué Mme Kabamba
En conclusion, cette initiative du centre Rafiki Hamilton met en évidence la nécessité de la solidarité et du soutien communautaire. Les participants ont été bien renseignés et sont plus conscients des ressources à leur disposition pour améliorer leur qualité de vie et celle de leur famille.
Photo : Les participants ont apprécié la conférence. (Crédit : centre Rafiki Hamilton)