Chrismène Dorme

Le Centre francophone Hamilton (CFH) mise sur la musique pour rapprocher la jeunesse francophone locale. Depuis l’automne dernier, l’organisme offre un programme, appelé Studio francophone des arts musicaux d’initiation aux instruments, destiné aux jeunes de 13 à 20 ans. Guitare, djembé, piano, balafon, écriture et interprétation : un éventail d’activités pensé pour proposer à la fois une porte d’entrée accessible vers la pratique musicale et un espace de rencontre en français.

Pour Lanciné Koulibaly, directeur général du CFH, ce projet répond avant tout à un besoin clairement exprimé par les jeunes. « Nous avons mis cela en place à la suite des résultats d’une consultation du Forum jeunesse Hamilton, menée en collaboration avec le Centre de santé, explique-t-il. Les jeunes ont fait ressortir l’idée que, pour améliorer le sentiment d’appartenance, il faut qu’il y ait plus d’activités sportives et artistiques ».

Mais un autre défi majeur s’imposait : celui de l’accessibilité. Pour beaucoup de jeunes francophones, intégrer un cours standard relève d’un véritable parcours d’obstacles. « La majorité des cours d’initiation se font en anglais et coûtent extrêmement cher. Si nous voulons maintenir la vitalité et garder les jeunes dans la francophonie, nous devons mettre en place des projets comme celui-ci », insiste-t-il.

Grâce au financement de la province et du groupe Desjardins, le programme peut ainsi être entièrement gratuit. Les instruments sont prêtés ou achetés par le CFH; un appui essentiel puisque, précise le directeur, « la plupart des jeunes n’en possèdent pas ». Quinze participants sont déjà inscrits et bénéficient d’un accès à un studio ainsi qu’à quatre rencontres mensuelles consacrées à la pratique.

Le choix des instruments, lui, est loin d’être laissé au hasard. Aux côtés des classiques tels le piano ou la guitare, le djembé et le balafon apportent une dimension culturelle forte. « C’est dans le but de créer ce côté multiculturel », explique Lanciné Koulibaly. Chaque mois, les jeunes se consacrent à un instrument différent, une rotation qui leur permet de découvrir plusieurs univers musicaux tout en progressant dans un cadre structuré. Le programme se déroulera jusqu’au 31 mars.

Au-delà de l’apprentissage technique, l’accent est également mis sur la création artistique. « Ils écriront leurs propres chansons », confie le directeur général. Cette dimension créative vise à encourager l’expression personnelle tout en consolidant l’usage du français.

Le CFH envisage déjà l’avenir. L’organisme souhaite pérenniser ce programme prometteur. « Nous aimerions créer par la suite le Club de musique », annonce M. Koulibaly, convaincu qu’une telle structure permettrait d’ancrer durablement un espace francophone de création artistique dans la communauté.

L’impact attendu est sans équivoque : offrir aux jeunes un lieu où ils peuvent se rassembler, apprendre, s’exprimer et surtout « que les jeunes développent leur sentiment d’appartenance et continuent à pratiquer le français via une activité qui est la musique », résume le directeur.

Avec ce programme, le Centre francophone Hamilton offre aux jeunes un espace où ils peuvent apprendre, créer et vivre leur francophonie autrement. Une initiative qui pourrait bien marquer le début d’une nouvelle dynamique culturelle à Hamilton.

Photo (Crédit : Centre francophone Hamilton) : Les élèves se concentrent lors d’un cours d’initiation à la guitare