C’est la réalité avec laquelle tout le monde doit composer : la quasi-totalité des activités qui constituaient la trame des relations sociales se déroule à présent dans la sphère évanescente du web. Cela vaut aussi pour les campagnes de financement, incluant la marche annuelle Cœurs en Chœur.
Organisé depuis 13 ans par l’École secondaire catholique Jean-Vanier et plus particulièrement l’enseignante Tricia Poulin, cet événement-bénéfice vise à recueillir des fonds pour Women’s Place, une maison d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence. La campagne culmine habituellement avec une marche de 8 km dans le parc de l’île Merritt et un concert.
Même si les circonstances ont obligé les organisateurs et participants à procéder différemment, les grandes caractéristiques de cette collecte de fonds sont demeurées les mêmes, à commencer par le slogan comprenant une rime et une couleur : «Isolés, mais unifiés en vert foncé».
« Le vert, ça symbolise la paix, l’espoir. On pensait que c’était une bonne couleur pour cette année », explique Mme Poulin. Les gilets mis en vente – autre classique de l’événement – étaient également de cette teinte.
Les élèves n’ont pas non plus laissé tomber la tradition d’offrir une prestation musicale. C’est cependant sur YouTube et non pas sur une scène que celle-ci a été livrée au public. Les élèves suivant une formation musicale ont choisi la chanson Better Days du groupe OneRepublic pour la pertinence de ses paroles considérant la cause défendue par Cœurs en Chœur.
Pour ce qui est de la marche, les élèves ont été invités à se revêtir du chandail emblématique de la campagne et à marcher simplement dans leurs quartiers respectifs afin de respecter la distanciation sociale.
Organiser cette campagne de financement à distance, sans l’encadrement qui vient avec la vie à l’école, aura représenté un défi particulier pour Tricia Poulin. Malgré tout, 25 personnes se sont jointes à ses efforts et environ 200 ont fait un don en argent. Il y a également eu une bonne participation d’anciens élèves de Jean-Vanier.
Au bout du compte, entre le 4 mai et le 2 juin, 10 030 $ ont été amassés, soit bien au-delà de l’objectif de 8000 $.
« J’espère que ce que les élèves apprennent dans tout ça, c’est que même si on aurait pu se dire que l’école est fermée et se donner une raison pour ne pas le faire, ces temps-ci, on ne peut pas être égoïstes et penser seulement à soi. Les efforts que l’on met dans le virtuel, ce n’est rien comparé à ce que vivent ces femmes et ces enfants », comment Mme Poulin.
Selon elle, c’était même encore plus important d’organiser Cœurs en Chœur cette année puisque le confinement a exposé les femmes victimes de violence conjugale à de plus grands risques.
Les élèves en retireront aussi quelque chose puisque, comme le fait remarquer l’enseignante, ce type d’engagement constitue un apprentissage aux responsabilités citoyennes. Certes, personne n’est obligé de faire du bénévolat et de se dévouer pour autrui, mais la société ne s’en porterait que mieux si chacun y collaborait.
PHOTO – Deux des élèves qui ont participé à la création d’un vidéoclip sur la chanson Better Days.