Christiane Beaupré
Depuis quelques années, à l’approche du 17 mars, des francophones de la péninsule du Niagara et de Hamilton célèbrent la Saint-Patrick à leur manière, entièrement en français, à la salle paroissiale du Sacré-Cœur de Welland. Cette année, l’événement a été un grand succès, avec plus de 400 participants. La demande a été telle que Muriel Thibault-Gauthier et son équipe ont été obligées de mettre fin à la vente de billets, faute de place.
Au départ, il s’agissait simplement d’un prétexte pour organiser un rassemblement festif à la fin de l’hiver, période où les occasions de socialisation se font plus rares. Rapidement, la Saint-Patrick est devenue un rendez-vous annuel incontournable. Ce qui aurait pu n’être qu’un clin d’œil à la culture irlandaise, compte tenu qu’il y a plusieurs francophones qui ont du sang irlandais, s’est intégré dans la vie des participants sans en bouleverser les habitudes ni en modifier l’identité francophone.
Le thème de cette année – Tous les accents sont les bienvenus – a mis en avant la diversité des origines au sein de la communauté francophone, incluant des Camerounais, Congolais, Haïtiens et quelques autres. Un buffet de desserts multiculturels, préparés par des nouveaux arrivants de la communauté, a également été offert, ajoutant une touche inclusive à la célébration.
De nombreuses personnes portaient du vert pour honorer les Irlandais, et la décoration était entièrement dans cet esprit : farfadets, pièces de monnaie vertes en chocolat, nappes et serviettes en forme de trèfle, décorations murales, etc. La célébration repose sur des éléments simples, mais bien établis : un repas convivial, de la musique et une ambiance chaleureuse. Fidèles à la coutume, les organisateurs proposent toujours un spectacle francophone pour clôturer l’activité.
Dans sa présentation de l’artiste, Mme Thibault-Gauthier a raconté comment elle avait dû trouver une solution de dernière minute après avoir reçu un appel de l’agente de Rémy Langlois l’informant que ce dernier ne serait pas en mesure d’être à Welland, son médecin lui interdisant de monter sur scène pendant deux mois.
Déterminée à maintenir le spectacle final, elle a demandé à la gérante d’artistes de lui proposer une autre personne, et c’est ainsi qu’Ysabel Gagnon est entrée en scène en interprétant La Vie en rose, puis a enchaîné avec Le Temps des fleurs, Aline, Là où mon père est enterré, etc. Sur certaines chansons plus rythmées telles que Ça fait rire les oiseaux de la Compagnie Créole, quelques participants se sont aventurés sur le plancher de danse, devant la scène.
Entre deux chansons, des tirages de prix de présence ont fait des heureux, permettant à quelques personnes de repartir avec 50 $.
Le maire de Welland, Frank Campion, a profité de son passage pour rappeler combien il est essentiel de célébrer ensemble, ajoutant avec humour : « La communauté francophone est celle qui célèbre le plus dans la ville ». Il a également invité les participants à se joindre à la cérémonie du lever du drapeau franco-ontarien le jeudi 20 mars à 10 h 30 à l’hôtel de ville, suivie d’une réception en l’honneur de la Journée internationale de la Francophonie.
En fin de spectacle, Muriel Thibault-Gauthier réservait une autre surprise aux participants en leur demandant de conserver leur billet de repas du 16 mars, leur donnant droit à un lunch et un spectacle gratuits le 25 septembre en l’honneur du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien. « Ne perdez pas votre billet! », a-t-elle insisté.
C’est ainsi, qu’au fil des ans, la Saint-Patrick célébrée par la communauté francophone de la région du Niagara est devenue bien plus qu’une simple célébration inspirée d’une tradition irlandaise. C’est un moment de joie et de partage qui s’est imposé comme une date clé du calendrier local. Une Saint-Patrick vécue pleinement en français, adaptée aux goûts et aux valeurs des participants, et qui reflète l’esprit d’une communauté fière de sa langue et de sa culture.
Photo : Plus de 400 personnes étaient de la fête. (Photo : C. Beaupré)