Jusqu’à récemment, chez Parcs Canada comme dans la population en général, une distinction sommaire était faite entre les parcs nationaux et les lieux historiques nationaux : les uns se consacrent à la protection de la nature et les autres à des bâtiments anciens et lieux témoins d’événements historiques. Or, les sites liés à l’histoire abritent parfois une faune et une flore menacées et comme ces espaces touristiques ne peuvent, par vocation, être modifiés en profondeur, il est logique de saisir cette occasion pour en protéger les écosystèmes.

C’est à cette conclusion qu’en est arrivé le gouvernement et c’est pourquoi quelques sites historiques ont été sélectionnés à cette fin. Le parc du Fort Rodd Hill et du Phare-de-Fisgard, en Colombie-Britannique, est un de ceux-là. Les autres se trouvent à Niagara-on-the-Lake : il s’agit du Champ-de-Bataille-du-Fort-George (aussi désigné comme « propriété Lakeshore »), un terrain de 302 acres dont seuls 41 sont accessibles au public et qui s’étire le long du lac Ontario; du Fort-George et des espaces verts qui l’entourent; et finalement, des Casernes-de-Butler, un ensemble de bâtiments situés non loin du fort et qui partage avec lui un boisé connu sous le nom de Paradise Grove.

Ces sites ont été sélectionnés en vertu de leur grande superficie de même que pour la richesse et la fragilité qui caractérisent leur écosystème. Ainsi, dans ces parcs de Niagara-on-the-Lake se trouvent des parcelles de forêt carolinienne, rare et menacée au Canada. En tout, 29 espèces animales et végétales en péril sont dénombrées dans les sites historiques du Niagara auxquels Parcs Canada applique désormais un plan environnemental. Ce plan d’action pour le Sud-Ouest ontarien, en vigueur depuis 2016, indique les principales mesures destinées à favoriser le rétablissement des espèces, y compris les échéances.

Cependant, il n’y a pas que les professionnels de Parcs Canada qui sont à même de protéger ces sites. Le public est invité à contribuer à cet effort, la nature constituant un patrimoine commun à l’ensemble de la population. Qui plus est, la région du Niagara, étant très peuplée et profondément transformée, constitue un milieu complexe au plan environnemental de sorte que la collaboration du plus grand nombre est la bienvenue.

C’est dans cette optique que Parcs Canada invitait la population à une séance d’information et à une consultation le 26 février dernier. Dans un premier temps, en après-midi, des résidants de la région ont visité les sites concernés avec des scientifiques, question d’en apprendre davantage sur les espèces en péril qui s’y trouvent. Ensuite, en soirée, ils ont abordé la dimension pratique de la conservation de l’environnement à l’occasion d’une présentation donnée à la Salle maritime, près du Fort-George.

La douzaine de participants ont écouté et interagit avec les représentants de Parcs Canada quant à plusieurs questions. En quoi consistent le plan d’action et ses retombées? Que faire lorsqu’un site a été perturbé au détriment d’une espèce menacée mais à l’avantage d’une autre espèce menacée? Est-ce que l’animation et les programmes des sites historiques devraient être changés? Etc.…

L’assistance a également été initiée au concept de « science citoyenne ». Afin d’aider les chercheurs et ceux en position d’influer sur l’aménagement du territoire, chacun peut reporter ses observations d’animaux et de plantes sur des sites web spécialisés. Le Centre d’information sur le patrimoine naturel du gouvernement de l’Ontario fournit d’ailleurs des liens vers plusieurs de ces sites et applications à télécharger. Il en existe d’autres tels qu’inaturalist.ca. Bref, ce ne sont pas les ressources qui manquent.

La protection de la biodiversité ne s’arrête pas aux limites des parcs et à leurs employés. Il est de la responsabilité de tous, au bénéfice de tous, d’y contribuer et Parcs Canada y veille.

PHOTO : Ken Kingdon, gestionnaires à Parcs Canada, explique le plan d’action.