Le Centre d’établissement des nouveaux immigrants de Peel (CENIP) annonce l’avancée de ses travaux dans le cadre de son projet « mesures barrières aux mutilations génitales féminines (MGF) et aux mariages forcés pendant la COVID-19 » financé par Femmes et Égalité des genres Canada. Depuis son lancement en 2021, ce projet vise à sensibiliser et développer des outils pour accompagner les jeunes filles âgées de 15 à 25 ans victimes ou potentiellement victimes de mutilation sexuelle et de mariage forcé sur le sol canadien.

Selon la coordinatrice du programme, Brigitte Chatué, « à travers nos actions prévues, nous comptons sensibiliser les leaders politiques du domaine de la santé et communautaires par des plaidoyers spécifiques sur la nécessité d’intégrer les MGF et les mariages forcés dans le plan de riposte du gouvernement fédéral. Ce dispositif permettra de classer la question des MGF et des mariages forcés des jeunes filles parmi les priorités de ce plan, et d’intégrer les différentes formes de violences basées sur les genres dans les groupes de travail mis à contribution tels que la santé, l’éducation, la protection, la sécurité alimentaire, etc. ».

Selon l’UNICEF, quelque 125 millions de jeunes filles et de femmes dans le monde ont été soumises à une mutilation génitale. La plupart des cas démontrés sont concentrés dans 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Malgré le fait qu’il n’existe pas au Canada de statistiques fiables sur le nombre de jeunes filles des communautés culturelles victimes ou potentielles victimes de mutilation sexuelle et les mariages forcés, grâce aux témoignages des participantes du projet, le CENIP confirme que cette pratique est bel et bien une réalité dans les communautés ethnoculturelles et racialisées en Ontario et ailleurs au Canada.

« À 27 ans, je porte toujours les séquelles des mutilations génitales dont j’ai été victime il y a 17 ans. Ma vie est désormais une accumulation de souffrance et de honte. J’ai perdu tout espoir d’être mère et je n’espère qu’une chose, qu’aucune autre fille ne soit victime d’excision », raconte Aminata, originaire du Tchad et participante au projet.

 

Lois canadiennes

En mai 1997, le gouvernement fédéral a modifié le Code criminel et a inclus la pratique de la MGF au nombre des voies de fait graves en vertu du paragraphe 268(3) du Code criminel. Un parent qui pratique la MGF sur son enfant peut être accusé de voies de fait graves et coupable d’un acte criminel passible d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 14 ans selon la Commission ontarienne des droits de la personne.

La pandémie de COVID-19 a disproportionnellement affecté les communautés raciales et ethnoculturelles. Elle a accentué les disparités et a révélé des pratiques ignobles derrière les maisons et appartements malgré les restrictions sanitaires. Le CENIP, dans le cadre de son projet pour l’année 2022-2023, va recenser les ressources disponibles pour les filles victimes des violences basées sur le genre, particulièrement les MGF.

L’organisme veut identifier les pratiques prometteuses disponibles qui peuvent servir pendant les périodes de pandémie et même au-delà, et recueillir le point de vue des filles des communautés noires et racisées pour établir les priorités et les stratégies potentielles de lutte contre la violence sexuelle. Enfin, il veut déterminer les mesures de soutien et les mécanismes institutionnels qui existent ainsi que les lacunes (politiques, services, stratégies, processus décisionnels, etc.).

Le CENIP compte aussi briser les barrières d’accès aux services de prévention, de protection et de soin en créant toutefois une Table de concertation nationale sur l’enjeu des violences basées sur le genre. Pour plus de renseignements, visitez le https://centrecenip.godaddysites.com.

Source : CENIP

(Photo : CENIP)