Du 5 au 7 novembre, Burlington accueillait près de 150 personnalités du milieu communautaire francophone de partout en Ontario. Une réalité sociale les unissait tous : l’immigration. Certains occupent des fonctions qui font des immigrants de langue française leur seule et unique clientèle tandis que d’autres ne sont qu’indirectement ou sporadiquement concernés par leurs besoins et leur cheminement. L’ensemble de ces intervenants étaient néanmoins désireux de discuter d’innovation dans ce domaine, le thème de ce Forum provincial des Réseaux en Immigration francophone (RIF) de l’Ontario.

Danièle Henkel
C’est par une conférence de Danièle Henkel que le forum s’est ouvert. Née au Maroc en 1956, elle immigre au Canada au tournant des années 1990. Elle menait jusque-là une fructueuse carrière au consulat américain en Algérie mais les troubles politiques qui agitaient alors ce pays l’ont poussée à tenter sa chance ailleurs.

Son parcours d’immigrante s’est alors apparenté à celui de milliers de femmes dans la même situation : des qualifications non reconnues, le cumul d’emplois pour joindre les deux bouts, des enfants à éduquer, etc. Là où Mme Henkel se distingue des autres, c’est qu’elle a fini par fonder une entreprise qui a prospéré et qui fait aujourd’hui d’elle un modèle de succès et une inspiration pour les autres immigrants.

« Tout est possible, malgré les défis, malgré les croyances, malgré les peurs », a commenté Danièle Henkel. Néanmoins, elle admet avoir été mal préparée à son intégration, mais les crises qu’elle a affrontées lui ont chaque fois ouvert un monde de possibilités puisqu’elle se refusait de se donner des excuses et de sombrer dans le défaitisme. Avoir simplement le courage d’essayer fait souvent une grande différence, croit-elle.

Ateliers
« Lorsqu’un organisme francophone reçoit un immigrant, ce n’est pas qu’un immigrant : c’est un futur citoyen et un acteur potentiel dans nos communautés », a déclaré Alain Dobi, directeur du RIF du Centre-Sud-Ouest, en préambule aux divers ateliers. En effet, ce n’était pas tant le processus migratoire en amont qui allait occuper les réflexions mais plutôt la réalité sur le terrain lorsque le nouvel arrivant pose les pieds au Canada.

Le premier atelier à l’ordre du jour portait sur la collaboration communautaire. Les sujets et les approches pour échanger se sont ensuite diversifiés. Les participants ont découvert les pratiques exemplaires de leurs pairs, ont réfléchi sur les façons de les mettre en œuvre dans leurs communautés respectives, ont identifié les enjeux et les défis, ont exploré les dynamiques d’enracinement des néo-Canadiens francophones, etc.

Bref, ce fut un vaste remue-méninges où chacun a pu apprendre des autres. Nombreux sont ceux qui le confirmeront : il est avantageux de sortir de son milieu de temps à autre pour voir une réalité ou un problème sous un autre angle et bénéficier de l’expérience de ceux et celles qui l’ont abordé à leur manière.

Communautés accueillantes
Le projet pilote des Communautés francophones accueillantes a permis à de nombreux organismes de différentes villes de faire valoir leurs atouts dans l’espoir d’être choisies pour participer à cette initiative. Le financement fédéral que ces communautés reçoivent leur permet de développer des programmes et des activités pour favoriser l’attraction et la rétention des immigrants francophones. En Ontario, les villes sélectionnées sont Hawkesbury, Sudbury et Hamilton et, puisque le forum se tenait à deux pas de cette dernière, une soirée aux accents artistiques s’y est tenue.

Ainsi, des artistes de diverses disciplines – danse, peinture, musique et théâtre – ont épaté l’assistance tout au long de l’activité. Leurs prestations étaient intercalées des discours des intervenants d’ici et d’ailleurs venus témoigner de leur rapport à l’immigration.

Une des allocutions fut prononcée par la mairesse d’Hawkesbury. Paula Assaly a décrit sa municipalité comme étant en pleine mutation économique. « Nous voyons dans l’arrivée des nouveaux arrivants une richesse indéniable et un atout dans notre désir de faire d’Hawkesbury une ville économiquement dynamique », a-t-elle lancé avant d’ajouter que ces immigrants ne sont pas cantonnés à être uniquement des travailleurs, mais sont rapidement invités à s’engager dans leur communauté.

Initiatives locales
De plus en plus, les communautés sont le moteur de l’intégration réussie. Le gouvernement tend à leur laisser une importante marge de manœuvre et se montre attentif à leurs suggestions. Dernièrement, deux nouveaux Comités locaux en immigration francophone se sont d’ailleurs ajoutés à ceux existant pour contribuer aux débats : celui de Toronto et celui de Sarnia. Le Forum 2019 des RIF de l’Ontario a permis de rassembler tous ces gens et de donner une impulsion renouvelée à leur travail.

PHOTO : Le forum a accueilli près de 150 participants de toutes les régions de l’Ontario.