Paulina Popescu est une francophone d’origine roumaine qui habite la région de Kitchener-Waterloo depuis nombre d’années. Elle vient de lancer son troisième livre mais son premier en français (les deux autres étant écrits en roumain) qui s’intitule Les fantômes du passé.
Ce roman est la radiographie d’une époque sombre de la Roumanie communiste des année 1970-1980, sous le régime du dictateur Nicolae Ceausescu. Le citoyen était pris entre deux extrêmes, l’impossibilité de vivre en dignité dans des conditions économiques, sociales et politiques précaires et l’incapacité de quitter la Roumanie.
C’était une période où les matins commençaient avec une queue pendant quelques heures pour du lait, de la viande, du sucre et de l’huile. Les jours finissaient avec le discours du dictateur à la télé, après cela le programme télé était fermé et on coupait l’électricité.
C’était une période de corruption administrative, des mensonges politiques, de la pauvreté, de la dégradation du standard de vie. Les gens n’avaient pas de passeport, ni le droit de voyager ou de quitter le pays, et ceux qui osaient le demander devenaient des indésirables, des suspects et étaient traités en conséquence : persécutés, congédiés, intimidés, soumis au chantage, privés de libertés et de propriétés.
Sabine, le personnage central du livre, devient un symbole de la jeune génération mécontente du système, dégoûtée par la corruption et la dégradation morale, révoltée par la situation du pays, mais qui ne fait rien pour changer le système et décide de quitter le pays à tout prix. Cette attitude va devenir caractéristique plus tard aussi quand le régime politique va changer après la Révolution de 1989.
La population décide de quitter le pays en grand nombre, quelques millions de personnes pendant trois décennies. L’auteure a créé un personnage symptomatique par lequel on peut comprendre la psychologie du migrant mais aussi les mécanismes sociopolitiques qui conduisent à ce projet de vie, difficile, voire traumatique. Sabine a suivi son rêve canadien en bénéficiant d’une situation romantique et après toutes les difficultés qu’elle a eues dans son nouveau pays, elle trouve enfin la liberté qui lui était refusée dans son pays natal.
Dans ce livre, les lecteurs se reconnaissent. Elle a payé cher pour arriver dans un pays libre avec l’humiliation et l’opprobre de la communauté qui ne pardonne pas la trahison d’avoir quitté le village. L’expérience d’émigrant est comme une empreinte qui diffère d’une personne à l’autre. Les fantômes du passé raconte une histoire mystérieuse et lourde.
Les immigrants apportent avec eux pas seulement les souvenirs et deux valises, mais aussi leur propre histoire, le vécu, les larmes et les souvenirs. Le roman décrit le monde terne du communisme, un monde où la jeune Sabine a une existence pleine de contraintes, suffoquée par le régime, par la mesquinerie d’un travail où la corruption est parvenue à un rang de normalité. Même sa famille qui au lieu de la comprendre lui met des obstacles et sa sœur est plus méchante qu’un étranger.
La deuxième partie du livre plonge le lecteur dans la vie difficile de l’immigrant. Le personnage réalise son rêve et fonde une famille avec un jeune canadien.
L’auteure Paulina Popescu a dédié ce livre de 264 pages à sa fille Julie « pour qu’elle comprenne le parcours de ma vie et à mon mari François qui m’a toujours encouragée et a été à mes côtés ». Les fantômes du passé a été publié par Essor-Livres Éditeur, au Québec. Vous pouvez l’obtenir au coût de 15 $ en communiquant par courriel avec l’auteure à popescu.arta@rogers.com.
Photo : L’auteure Paulina Popescu