Plus de 400 Africains étaient réunis à Hamilton pour une célébration bilingue de la Journée mondiale de l’Afrique. Cet événement commémoratif de la naissance de l’organisation de l’unité africaine, le 25 mai 1963, en Éthiopie, devenue Union africaine en juillet 2002, a été axé sur la réparation cette année.

Yolande Melono – IJL Réseau.Presse – Le Régional de Hamilton-Niagara

Le samedi 24 mai, environ 450 personnes originaires d’une vingtaine de pays africains se sont réunies à la Calvin Christian School de Hamilton pour célébrer la quatrième Journée mondiale de l’Afrique, organisée par le Hamilton Black Health Community Leaders Forum. L’événement soulignait l’unité africaine ainsi que la lutte du continent pour la liberté et le progrès.

Pour son édition 2025, la thématique choisie – Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations – visait à reconnaître les injustices du passé dont les effets continuent d’entraver le plein épanouissement des communautés africaines. Cette réflexion s’inscrivait dans une volonté de réparation, non seulement symbolique, mais aussi concrète.

« Parler de réparations, c’est d’abord reconnaître qu’un tort historique a été commis. C’est admettre que les séquelles de l’esclavage, du colonialisme et du racisme structurel sont toujours présentes dans nos sociétés, notamment à travers les inégalités d’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi ou à la justice », a souligné dans son allocution le conférencier principal, Desire Yamutuale.

Les transformations nécessaires pour corriger ces injustices prennent du temps, a-t-il reconnu. Mais selon le Dr Yamutuale, l’espoir demeure essentiel : « Pour reprendre les mots de la philosophe féministe américaine Judith Butler, le changement vient progressivement, petit à petit. »

Lors du panel de discussion du 17 mai, les experts Jean-Jacques Somwe, Dre Sandy Ezepue, Lyndon George et John Luma ont proposé plusieurs pistes de solution. Parmi celles-ci : la mise en place de commissions pour examiner les recommandations émises, des actions de plaidoyer auprès des décideurs publics municipaux et provinciaux afin de faire valoir les défis auxquels font face les Africains, ainsi qu’une participation active aux diverses instances de la Ville de Hamilton.

La journée du 24 mai, placée sous le signe de la reconnaissance de la diversité, de la richesse culturelle et de la résilience des peuples africains et afrodescendants, a offert un large éventail d’occasions de découverte et de partage.

Les groupes communautaires ont également pris une part active à l’événement. Une vingtaine d’associations représentant différents pays ont souligné l’importance du soutien qu’elles offrent à leur communauté. « Nous étions fiers de partager nos valeurs et nos traditions, de nous rassembler et de porter un message commun. Pour les années à venir, nous espérons voir d’autres associations africaines se joindre à nous », a affirmé Nancy Muinda, présidente de la Communauté congolaise de Hamilton.

Le point culminant de la soirée a été l’acceptation de deux demandes formulées par la communauté et accueillies favorablement par la mairesse de Hamilton, Andrea Horwath : d’une part, la reconnaissance officielle de la Journée mondiale de l’Afrique aux échelons municipal, provincial et fédéral; d’autre part, la volonté d’améliorer les conditions de logement pour les communautés africaines noires.

Sur des rythmes africains entraînants, la soirée s’est ensuite transformée en véritable fête. Les invités ont eu l’occasion de découvrir les riches saveurs des cuisines congolaise, nigériane, ghanéenne et libérienne, à travers un buffet varié. L’un des moments forts, surnommé « le moment brillant », a offert à plusieurs leaders communautaires cinq à sept minutes pour présenter leur pays d’origine, leur organisme et leur vision pour l’avenir du continent africain. Une séquence à la fois inspirante et marquante.

La soirée s’est achevée par une séance de réseautage conviviale. « Ce fut une rencontre marquante. Nous avons pu nous immerger dans les réalités actuelles du continent africain tout en resserrant nos liens », a souligné John Luma, figure engagée de la communauté camerounaise.

Pour sa part, le vice-président du Forum, Jean-Jacques Somwe, s’est dit très satisfait de l’ampleur de l’événement. « L’écho a répondu aux attentes. Dans un contexte où plusieurs pays, comme le Soudan ou la RDC, sont touchés par des conflits, cette célébration a contribué à renforcer l’unité africaine. Le réseautage a également permis au public de découvrir des services essentiels conçus par et pour les Africains », a-t-il conclu.

Photo (Crédit : Jean-Jacques Somwe) : De nombreuses personnes d’origine africaine se sont réunies à la Calvin Christian School de Hamilton pour célébrer la Journée mondiale de l’Afrique. (Crédit : Jean-Jacques Somwe)