Alexia Grousson
C’est à la suite d’une révolte d’esclaves contre les colons français que les Haïtiens ont proclamé leur indépendance le 1er janvier 1804. Aujourd’hui, 220 ans plus tard, la commémoration de cet événement est toujours un moment festif pour les membres du Regroupement des organismes haïtiens pour des actions communautaires à haute valeur ajoutée (REGOHVA). C’est ainsi que le 30 décembre dernier, ils se sont rassemblés au Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara à Welland pour célébrer.
Les réjouissances étaient axées sur les concepts de liberté et de dignité.
« Bon nombre de personnes confondent ces deux notions, bien que l’une ne vienne pas sans l’autre. La liberté, c’est de faire ce qui est bon pour soi et pour la collectivité. Si nous nous sommes réunis, c’est grâce à la liberté psychologique. Effectivement nous sommes un peuple libre et indépendant, nous avons la liberté physique, nous ne sommes pas de plein-pied dans l’esclavage. Mais maintenant, nous devons nous battre pour la liberté psychologique, la liberté spirituelle, explique, dans son allocution, la présidente de l’organisme, Naromie Charles
« La vraie liberté, c’est la dignité qui vous permet de marcher la tête haute, et dignité rime avec compétence, intelligence, travail, prospérité et entraide. Si vous dites que vous êtes libre mais demeurez dans la mendicité ou n’êtes pas en mesure d’aimer vos semblables ou ne voulez pas créer de la valeur ajoutée, vous n’êtes pas libre, vous êtes des esclaves enchaînés. C’est donc pour ce type de liberté que nous devrions nous battre et elle nous touche tous, sans discrimination de race, d’origine ethnique, de condition socioéconomique, de religion, de genre et d’âge. C’est cette liberté qui rime avec la dignité. »
Pour cette soirée, un auditoire multiculturel et intergénérationnel d’une centaine de personnes était présent. Les festivités ont débuté avec un temps d’échange et de réseautage, suivi par une prière et l’interprétation des hymnes nationaux du Canada et d’Haïti par Sherlyne Jean Charles et Harry Donatien.
Un repas de fête
Pour le repas, la célèbre soupe giraumon, surnommée soupe de l’indépendance, était au menu. À l’époque, sa consommation n’était autorisée que pour les maîtres fortunés mais le jour de la proclamation de l’indépendance du pays, tous pouvaient en manger, y compris les paysans les esclaves.
Le buffet offert était composé de différents riz, de fruits de mer, de poulet, de dinde, griot de porc et de pommes de terre. Le tout épicé à l’haïtienne.
De plus, afin de rappeler certains faits historiques, un jeu de devinettes a permis d’honorer des ancêtres haïtiens avec des citations d’anciens combattants et de présidents et les participants devaient deviner qui les avait prononcées.
« C’est important de se rappeler les mots qu’ils nous ont laissés, car ils nous servent encore aujourd’hui », commente Mme Charles.
Pour clôturer la soirée, le groupe Niagara Gospel a entonné deux chansons en français et en créole avant que DJ Oswald Surin enflamme la piste de danse avec de la musique haïtienne et plus particulièrement avec du Kompa.
Photo (courtoisie REGHOVA)) : La communauté haïtienne du Niagara s’est rassemblée pour célébrer le 220e anniversaire de l’indépendance d’Haïti.