Dur temps pour les restaurateurs. Tous font face aux aléas engendrés par la pandémie et, déjà, plusieurs ont dû se résoudre à fermer leur établissement. Pourtant, à Hamilton, il en est un qui a décidé de braver la tempête et d’ouvrir une crêperie à la mi-octobre. Bienvenue chez Verlan, un îlot français sur Barton Est.

« Je suis « né » dans la restauration. Même à Paris, mes parents avaient un restaurant », confie Mikael Colas. Arrivé au Canada à l’âge de 10 ans avec son père et sa mère, M. Colas n’est pas demeuré très longtemps éloigné de l’univers culinaire. En effet, ses parents ont ouvert une crêperie à Oakville, La Parisienne, où il a pris la relève en 2015 avec son épouse Courtney, d’origine australienne.

« On a toujours voulu ouvrir un second restaurant. On a déménagé à Hamilton il y a deux ans. On a cherché pendant à peu près un an et on a trouvé un bon emplacement sur Barton juste avant la COVID », explique Mikael Colas. Le restaurateur et sa compagne se sont alors trouvés face à un dilemme : ouvrir ou pas? Ils ont finalement choisi de se lancer dans l’aventure avec les ajustements qui s’imposaient : « On a changé pas mal de choses pour que ça convienne aux temps qui courent ».

Ainsi, l’ambiance typique d’un bistrot français a dû s’accommoder d’une réduction du nombre de places. De plus, l’instauration d’un service de commandes à emporter a connu un succès inattendu qui a fait réaliser à M. Colas qu’il dispose d’une clientèle fidèle : « Il y a toujours des inquiétudes mais il faut voir les choses de façon positive. Il y a pas mal de gens qui veulent que l’on continue ».

D’ailleurs, cette solidarité commerciale s’inscrit dans un contexte plus large : « Les gens ont décidé de dépenser leur argent dans les petits magasins locaux ». Le couple, qui se fait toujours un point d’honneur de s’approvisionner chez des fournisseurs de la région pour ses ingrédients, a donc aussi décidé d’ouvrir, à son restaurant Verlan, un petit marché d’artisanat. Cartes postales, sauces piquantes, savons, compotes, crème de marrons, etc. : des résidents de Hamilton y écoulent leurs créations au grand plaisir de la clientèle du restaurant.

« On ne se considère pas tellement comme une crêperie traditionnelle : on essaie de faire les choses de façon un peu plus expérimentale », estime Mikael Colas. Aux crêpes bretonnes s’ajoutent des soupes du jour, du pain fait maison, des sandwichs, etc. Grâce à Courtney Colas, une touche australienne vient parfois colorer le menu de la crêperie Verlan qui autrement reprend à son compte les grandes lignes de la cuisine française.

Pour ceux qui se le demandent, le nom Verlan désigne simplement l’argot de France consistant à inverser les syllabes d’un mot (l’envers, vers-l’en). Le logo du restaurant est d’ailleurs une tour Eiffel qui, retournée, forme la lettre « V », alors que le célèbre monument repose sur ses bases dans le logo de La Parisienne, la crêperie d’Oakville.

Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, M. et Mme Colas doivent demeurer vigilants et imaginatifs pour surmonter les difficultés économiques liées à la pandémie. Au moins, avec le coup de pouce gouvernemental des derniers mois et l’appui de leur communauté, ils ont réussi à éviter le pire, ce qui est déjà pas mal considérant la fragilité actuelle du secteur de la restauration.

PHOTO – Mikael et Courtney Colas devant leur crêperie Verlan à Hamilton