COVID-19 oblige, pour la première fois de son histoire, l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO) a tenu les 14 et 15 octobre son assemblée générale (AGA) de manière virtuelle à partir de Cornwall. Une rencontre à distance où le partage était largement au menu.

« La nouvelle image de l’AFMO, c’est une AFMO de proximité, une AFMO active au travers de tous les gouvernements locaux de la province en faisant intervenir les acteurs du milieu », a conclu, le jeudi 15 octobre, le directeur de l’AFMO, Marc Chénier, qui s’est dit très satisfait de cette AGA en format virtuel.

Le responsable du développement des affaires au sein de l’AFMO, Yaye Peukassa, a indiqué que la réunion annuelle des maires avait attiré entre 400 et 500 personnes au cours des différents ateliers présentés sur le Web, soit davantage que les habituels congrès en présentiel. Une quarantaine d’intervenants ont également participé.

Gérer une municipalité en temps de pandémie

L’AGA du 15 octobre, animée par l’animatrice, productrice et consultante Mathilde Hountchégnon, a démontré que le coronavirus a eu des impacts sur différents fronts au sein du monde municipal franco-ontarien, à commencer évidemment par les édiles municipaux.

Environ la moitié des 44 municipalités membres de l’AFMO y ont participé.

Il a notamment été question des avancées en français au sein des villes, mais surtout de la manière dont l’AFMO a réagi face à la COVID-19 et de comment elle a servi ses membres depuis le début de la pandémie.

« C’était la panique », a mentionné Nicole Fortier-Lévesque, mairesse de Moonbeam.

« Il fallait expliquer le pourquoi de nos décisions », a ajouté Frank Campion de Welland.

En mai dernier, l’AFMO a donc notamment offert du soutien par des applications liées aux situations d’urgence. « On s’est beaucoup tournés vers le numérique », explique Marc Chénier.

Toronto encore absente

Les états financiers ont évidemment aussi été passés en revue lors de l’AGA, affichant un déficit déjà prévu. Pourquoi? Selon le directeur, c’est beaucoup en raison de l’absence de Toronto au sein de l’AFMO. Depuis 2017, la Ville reine n’est plus membre.

« Malgré nos représentations auprès de la ville et malgré des oreilles attentives, on ne nous a jamais mentionné pourquoi il y avait eu ce retrait », déplore le directeur de l’AFMO.

C’est donc dire que l’organisme ne bénéficie plus des 20 000 $ torontois ; si cela peut paraître peu pour une ville de cette ampleur, l’AFMO, elle, a vu depuis 2017 le cinquième de son budget amputé.

L’association est donc obligée de composer avec un budget annuel de 80 000 $, dont la moitié provient de Patrimoine canadien.

Marc Chénier explique toutefois que les pertes de revenus ne sont pas les seules conséquences du retrait de Toronto, qui décourage aussi d’autres villes de se joindre à l’AFMO : « Des villes francophiles comme Kingston ou Windsor se montrent intéressées par l’AFMO, mais on nous demande à chaque fois si Toronto est membre. Sa présence aurait un incitatif sur d’autres villes. »

Villes intelligentes et implication des jeunes

En plus de l’AGA, le congrès de l’AFMO a inclus plusieurs ateliers, dont un panel de maires et de conseillers issus des villes de Moonbeam, Welland, Cornwall, Timmins et de Nipissing Ouest. Les participants ont souligné que la communication avait été au centre de leurs préoccupations au début de la première vague de COVID-19.

L’AFMO a également proposé des ateliers sur le marketing régional, l’immigration économique, les femmes en politique municipale et la relance économique post-COVID-19, entre autres.

Un atelier sur les villes intelligentes a réuni le conseiller municipal de Québec Pierre-Luc Lachance, le directeur de l’organisme Éco-Ouest, Dany Robidoux, ainsi que le professeur titulaire au Département de systèmes d’information organisationnels de l’Université Laval Sehl Mellouli.

Ce dernier a posé une question fondamentale : « La ville la plus technologique est-elle la plus intelligente? » Il faisait d’ailleurs le parallèle entre Dubaï, hautement branchée, et Amsterdam, plus écolo. En fait, chaque ville a son propre contexte, a souligné Sehl Mellouli.

De son côté, Dany Robidoux était d’avis que les villes pouvaient prospérer grâce à la planification et la mise en œuvre de l’infrastructure de l’économie verte. Quant à Pierre-Luc Lachance, adjoint au maire de Québec pour l’entrepreneuriat et le numérique, la pandémie actuelle illustre parfaitement le besoin pour les villes d’interagir avec leurs concitoyens de manière virtuelle.

L’AFMO tenait aussi à donner la parole à ceux qui s’engagent dans l’action politique et qui n’attendent pas 40 ou 50 ans pour le faire.

Un panel a donc réuni trois jeunes impliqués politiquement : Frédéric Diebel, conseiller et adjoint au maire des cantons de Nairn et Hyman, Éphrem Porou, président du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) et Kelsey Santarossa, conseillère municipale à Lakeshore, âgée de 24 ans.

Celle qui est aussi membre du conseil d’administration de l’AMFO avait un message à transmettre : «Arrêtons de dire, ils ont de l’expérience, mais ils sont jeunes. Mais plutôt : je suis jeune et j’ai de l’expérience!»

Des éléments à conserver l’an prochain

Yaye Peukassa de l’AFMO croit que le congrès de l’an prochain sera encore virtuel si la pandémie persiste.

Advenant un retour à la normale, il n’est pas impossible que certains éléments particulièrement appréciés de l’édition 2020 se retrouvent l’an prochain, comme par exemple le panel des maires.

Ce sera aussi plus long, selon M. Peukassa : « Trois jours au lieu de deux et il y aura aussi des consultations auprès de nos membres pour nourrir notre réflexion sur d’éventuels ateliers. »

SOURCE – André Magny, Initiative de journalisme local – APF – Ontario

PHOTO (crédit : courtoisie) – Yaye Peukassa, responsable du développement des affaires au sein de l’AFMO