Le premier journal imprimé au Québec fut The Quebec Gazette dès 1764. Il prit plus tard le nom de Québec Chronicle Telegraph sous lequel il est toujours connu, car il s’agit du plus ancien journal encore en activité en Amérique du Nord. Quant à l’Ontario, son premier organe de presse s’est appelé l’Upper Canada Gazette et commença à paraître en 1793 à Niagara-on-the-Lake, alors capitale de la jeune colonie. Or, malgré tous ces noms anglais, il ne faut pas chercher très loin pour trouver des Canadiens français et il en est d’ailleurs un qui a travaillé pour ces deux journaux : Louis Roy.
Né à Québec en 1771, Louis Roy entre comme apprenti à l’âge de 15 ans au Quebec Gazette, alors bilingue. Quelques années plus tard, il travaille comme imprimeur pour le compte de la Montreal Gazette, également bilingue à cette époque et qui existe toujours. Ce journal était alors propriété de son fondateur, Fleury Mesplet, un nom demeuré célèbre tant au Canada qu’aux États-Unis puisqu’il a souvent mis ses compétences dans le domaine de l’imprimerie et de l’édition au service de causes politiques. Quoi qu’il en soit, il semblerait que ce soit dans les locaux de ce journal montréalais que le jeune Louis Roy ait fait la connaissance de John Graves Simcoe.
Le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada l’engage alors comme premier « imprimeur du roi » dans cette colonie. Arrivé à l’automne 1792 à Newark (qui deviendra Niagara-on-the-Lake), il produit ses premiers imprimés en janvier de l’année suivante. Ce sont d’abord des discours et des proclamations du lieutenant-gouverneur qui sortent de ses presses. Puis, le 18 avril 1793, Roy lance l’Upper Canada Gazette or American Oracle, un hebdomadaire consacré pour l’essentiel aux affaires politiques et internationales.
Louis Roy aurait imprimé environ 45 numéros jusqu’au 31 juillet 1794. Il quitte ses fonctions au cours de l’automne pour des raisons qui demeurent nébuleuses et retourne vivre au Bas-Canada (Québec). Il tente de lancer son propre journal à Montréal mais la concurrence a raison de ses efforts et il décide alors, en 1797, de tenter sa chance à New York.
Il semblerait cependant que la politique ait également joué dans sa décision de s’expatrier. Le bien mal nommé Roy était en effet un républicain convaincu, et comme ce fut le cas pour son ancien employeur Fleury Mesplet, cette appartenance politique était susceptible de le mettre en butte à maintes vexations dans une société dominée par les intérêts britanniques.
À New York, Louis Roy continua à travailler dans le milieu de l’édition jusqu’à sa mort prématurée en 1799. Quant à l’Upper Canada Gazette, il a continué à être publié jusqu’en 1845.
PHOTO : Une plaque à Niagara-on-the-Lake rappelle le souvenir de Louis Roy.