Depuis plusieurs années, Cinéfest Niagara fait découvrir des longs métrages d’ici et d’ailleurs aux résidents de la région, tant francophones qu’anglophones. C’est ainsi que le 9 janvier dernier, les cinéphiles ont non seulement eu l’occasion d’entamer la programmation de l’hiver 2019 par un film canadien mais aussi de rencontrer deux de ses artisans.
En effet, c’est Noël en boîte, une comédie dramatique sortie l’année dernière, qui était à l’affiche et cette oeuvre se distingue par une particularité des plus rares, tous ceux ayant contribué, tant derrière que devant la caméra, à sa création étant des Franco-Ontariens. Le réalisateur et scénariste, Jocelyn Forgues, de même qu’un des acteurs, Pierre Simpson, étaient présents pour la projection et ont dialogué avec le public.
Le nom de M. Simpson sonnera peut-être familier à certains puisqu’il est natif de Welland et a étudié à l’École secondaire Confédération. Il a eu la piqure des arts dramatiques dès sa jeunesse par le biais de son père qui, en tant qu’enseignant d’arts visuels, avait souvent l’occasion de côtoyer les milieux théâtraux, en contribuant à la confection de décors par exemple. « De fil en aiguille, c’était clair que ça m’intéressait », raconte le comédien qui a fait des études en théâtre à l’Université d’Ottawa pour entreprendre aussitôt une carrière dans le domaine.
De projet en projet, Pierre Simpson en est venu à travailler avec Jocelyn Forgues dans le cadre d’une émission jeunesse tournée à Winnipeg. Leurs routes devaient se croiser à nouveau lorsque l’idée d’un film entièrement franco-ontarien s’est peu à peu concrétisée. Après audition, M. Simpson s’est fait confier le rôle du père Stéphane, un personnage secondaire qui entre en scène à un moment clé du récit imaginé par Jocelyn Forgues.
Pierre Simpson crédite d’ailleurs le réalisateur du mérite d’avoir mené à bien, après La Sacrée en 2011, le deuxième film franco-ontarien. En effet, cela représente un défi considérable que de composer avec des bailleurs de fonds qui demandent à ce que des têtes d’affiche connues, bien souvent québécoises, fassent partie de la distribution. « C’est un risque de dire « non, je veux un projet franco-ontarien ». J’ai trouvé ça vraiment cool de sa part de tenir son bout avec cette vision-là », commente M. Simpson.
« À partir de l’idée initiale jusqu’à aujourd’hui, il s’est passé 11 ans », corrobore Jocelyn Forgues. Bien qu’il ait travaillé à d’autres productions durant ce laps de temps, il n’en demeure pas moins qu’il revenait de temps à autre à Noël en boîte, entre autres pour en faire la promotion auprès d’organismes subventionnaires tels que Téléfilm Canada et Ontario Créatif : « Il fallait les convaincre qu’on avait un bassin assez important de talents pour faire un film en français à l’extérieur du Québec ».
Il s’agissait également d’un premier long métrage pour M. Forgues. Le tournage s’est déroulé à North Bay, Mattawa et Powassan pendant 18 jours et demi, ce qui représente un échéancier plutôt serré. Le film met en vedette Janick Hébert et Zachary Amzallag et l’histoire s’articule autour d’une vedette de télésérie américaine d’origine franco-ontarienne qui, pour récupérer des photos embarrassantes auprès d’un paparazzi, se voit contrainte de l’inviter à passer Noël auprès de sa famille résidant dans un village du nord de l’Ontario. Ayant quitté son milieu il y a longtemps, la jeune femme y est confrontée à des souvenirs qu’elle aurait préféré oublier et qui la force à se réconcilier avec son passé.
Jocelyn Forgues a voulu que son scénario, sans être trop lourd ni verser dans la critique sociale, soit néanmoins empreint, en filigrane, de sujets qui le touchent tels que la dynamique propre aux communautés linguistiques minoritaires et les contrastes entre la ville et la campagne. « Je voulais que ce soit du divertissement mais aussi une réalité », explique le réalisateur.
Après la projection du film, Pierre Simpson et Jocelyn Forgues se sont livrés à une séance de questions-réponses avec l’assistance qui a manifesté son intérêt pour la dimension technique de la production. Quant à Cinéfest Niagara, son prochain long métrage sera The Children Act, un drame britannique qui sera projeté le 23 janvier prochain.
PHOTO: Le réalisateur Jocelyn Forgues, le comédien Pierre Simpson et la présidente de Cinéfest Niagara Clara Simpson