Christiane Beaupré – IJL Réseau.Presse – Le Régional
Le Club canadien de Toronto (CCT) a commencé sa tournée de promotion des Prix RelèveON 2025 le jeudi 5 février en faisant un premier arrêt à Hamilton. C’est la première fois que les dirigeants de l’organisme se rendent dans cette région du Centre-Sud où la communauté francophone y est très active.
Les Prix RelèveON ont été mis en place par le Club canadien il y a plusieurs années pour valoriser le talent francophone et mettre en lumière les jeunes leaders d’affaires francophones de 40 ans et moins, renforçant leur visibilité et leur contribution au sein de la communauté. Cette initiative cherche à motiver les jeunes talents à s’investir dans leur développement personnel et professionnel, tout en contribuant à la vitalité de la francophonie.
Contrairement aux années précédentes, il ne s’agissait pas que de présenter le concours des Prix RelèveON et d’échanger autour d’un cocktail. Le directeur général du Club canadien, Alexis Maquin, a expliqué la modification du format pour accentuer les échanges d’idées et motiver les jeunes entrepreneurs en écoutant des témoignages inspirants de francophones qui ont réussi à tracer leur voie dans la francophonie locale.
Alors cette soirée au site The Gasworks était prétexte pour discuter des jeunes francophones. Sous le thème de l’innovation et de l’inspiration, ce cocktail conférence a mis en lumière les idées, l’impact et l’engagement de trois panélistes immigrants – Lanciné Koulibaly (directeur général du Centre francophone Hamilton), Karen Niaba (directrice générale de Artconnekt Inc.) et Olivier Malaba (chef régional du Collège Boréal pour Hamilton et Welland).
La soirée était animée par Eunice Boué, membre du conseil d’administration du Club canadien qui a souhaité la bienvenue aux participants. Puis, Rosa Atmani, agente de projet du Réseau en immigration francophone du Centre-Sud-Ouest et modératrice de la discussion s’est entretenue avec les panélistes sur le thème « Innover et inspirer : la jeunesse francophone comme moteur de changement ».
Mme Atmani a demandé aux invités quels ont été les moments déterminants de leur parcours orientés vers l’engagement communautaire dans la francophonie. Le premier à s’exprimer, Olivier Malaba, a expliqué que la francophonie pour lui était un trajet naturel. « Je suis originaire de la République démocratique du Congo, un pays qui a une très grande diversité linguistique, et dont la langue officielle est le français, comme dans 21 autres pays en Afrique. Alors dès ma jeunesse, j’étais très intéressé par la langue et cela a animé en moi cette curiosité du côté culturel et forgé une passion. »
Karen Niaba a aussi grandi dans un milieu francophone, celui de la Côte d’Ivoire. « En arrivant au Canada, mon mari et moi avons décidé de nous installer dans une province anglophone pour donner à nos enfants l’opportunité d’être bilingue. Mais nous, en tant qu’adultes, nous avions nos besoins. Amoureuse de l’entrepreneuriat, j’ai été touchée de constater que la francophonie avait sa niche dans cet univers anglophone. Je suis partie de Mississauga pour m’installer à Hamilton et lorsque j’ai vu la communauté francophone d’ici, je me suis sentie trois fois plus fière d’être francophone. Je me suis dit, on ne peut être francophone et ne rien faire. Je me suis alors engagée à ma manière et mon humble niveau. »
En dernier lieu, Lanciné Koulibaly a parlé d’un choix obligé. Issu d’un pays francophone, le français fait partie de son identité. « Tous les livres que j’ai lus et la musique que j’ai écoutée au cours de mon enfance étaient en français. C’est la langue avec laquelle je me sens vraiment à l’aise et fier. Pour faciliter mon intégration, je me suis engagé dans la francophonie. C’est là que j’ai compris que pour vivre dans ma langue, pour faire vibrer le français à Hamilton, il faut s’engager, participer aux activités et demander les services en français. »
Lorsqu’il a été question de sources de motivation, la pérennisation de la communauté francophone revenait souvent dans la discussion, tout comme nourrir un sentiment d’appartenance. « Sans engagement, nous disparaîtrons », insiste M. Koulibaly.
Sur le plan du leadership, la collaboration a été identifiée comme élément essentiel, de même qu’être proactif et présent dans la communauté. « Il faut se soutenir. Si d’autres organismes francophones que celui avec lequel on est actif proposent des activités, il faut les appuyer, en participant à leurs activités. Pour mobiliser du monde, il faut être constamment présent », ajoute le directeur du CFH.
Côté innovation, Olivier Malaba a expliqué que le Collège Boréal, suite à une idée du Conseil scolaire catholique MonAvenir, a mis en place un programme de formation en français langue seconde pour les parents des enfants qui fréquentent les écoles françaises de la région pour les aider à suivre l’évolution scolaire de leurs enfants.
« L’expérience a commencé avec 40 parents, puis rapidement 80, et nous avons décidé d’étendre ce programme à toutes les écoles du Conseil. Finalement, plus de 800 parents ont suivi cette formation », confirme M. Malaba.
Bref, des discours inspirants pour les jeunes familles nouvellement arrivées et la francophonie en général. La tournée des Prix RelèveON se poursuivra à Sudbury le 27 février et à Ottawa le 20 mars. Les noms des finalistes seront annoncés le 6 mai 2025.
Photo : La conférence mettait en vedette des acteurs de la francophonie de Hamilton. De gauche à droite : la modératrice Rosa Atmani et les panélistes Karen Niaba, Lanciné Koulibaly et Olivier Malaba