Télétravail, distanciation sociale, interdiction de se rassembler… Voilà autant de réalités avec lesquelles les églises ont à composer. Ainsi, à la paroisse Saint-Philippe de Burlington, les fidèles forment une communauté « tissée serrée » qui a dû revoir ses habitudes pour conserver un sentiment de proximité et avoir accès aux mêmes rites religieux.

« Nous avons enregistré la messe avec les moyens du bord. Il y a encore quelques petites choses à arranger mais nous avons eu une belle célébration. »

Cette messe dont parle le père Joseph Grégory Michel, c’est celle de Pâques, la première à avoir été mise en ligne sur le compte Youtube de la paroisse. Une petite équipe de bénévoles a mis la main à la pâte pour que la vie spirituelle des catholiques francophones de Burlington passe en mode virtuel.

Cette première expérience a permis de développer une façon de travailler appelée à se poursuivre jusqu’à ce que l’état d’urgence soit levé : la messe est dite et filmée à l’avance (avec les lectures du dimanche), un montage est fait, entre autres pour y inclure les paroles des chants, et le produit fini est mis en ligne. Tout le monde peut y accéder mais, à tire de rappel, un lien est envoyé par courriel à toute la communauté catholique. Les directions des écoles du conseil MonAvenir que dessert la paroisse ont, à ce propos, offerte une très bonne collaboration en faisant suivre ce lien aux parents.

Les commentaires ont été des plus positifs. Les paroissiens aiment à conserver une proximité même si elle se vit d’une autre manière.

Pragmatique, le père Michel rappelle que le confinement n’est pas aussi dramatique qu’il n’y paraît. « C’est une expérience hors de l’ordinaire pour la plupart mais habituelle pour bon nombre d’aînés et de malades », avance le prêtre, relevant par la même occasion, dans la foulée de la fête de Pâques, que les disciples ont vécu la résurrection dans le confinement par crainte de la populace.

Le père Michel a lui-même dû composer avec des situations similaires dans le passé. En Haïti, son pays d’origine, le chaos politique l’a parfois forcé à éviter la rue pendant des semaines par mesure de sécurité.

C’est donc dire qu’il lui faut davantage que la COVID-19 pour l’ébranler. « Comment je vis ça? Sereinement. Tout ce qui arrive dans la vie est providentiel », laisse-t-il tomber, assimilant le calme étrange qui caractérise désormais son quotidien à une retraite spirituelle. Cela dit, le père Joseph Grégory Michel est loin d’être indifférent à ce que vivent les autres et salue la générosité et la civilité de la population : « J’ai beaucoup aimé les gestes de solidarité qui se font partout ».

À ce propos, la paroisse Saint-Philippe n’est pas en reste. À la récitation du chapelet qui réunit désormais, au téléphone, aînés et jeunes parents, s’ajoute l’appui logistique offert à plusieurs personnes âgées dont l’épicerie est faite par des paroissiens pour qui il est plus facile – et plus sécuritaire, considérant leur âge – de sortir.

Pour au moins quelques semaines encore, s’aventurer à l’extérieur ne devrait être qu’une question de nécessité. À tous, jeunes et moins jeunes, le mot d’ordre est le même : « Nous leur disons : rester chez vous, protégez-vous et protégez les autres », rappelle le père Michel.