Comme chaque année, le mois de février fut consacré à la célébration de l’histoire des Noirs. Cette initiative, aujourd’hui bien établie partout au pays, trouve échos dans toutes les grandes villes et pas seulement auprès de la communauté noire. Ainsi, les institutions et organismes francophones de Hamilton ont, le 21 février dernier, uni leurs ressources et leurs talents pour se joindre aux commémorations et activités en tous genres qui ont lieu pour l’occasion. Une splendide soirée devait naître de cette collaboration entre toutes les cultures de Hamilton dont la langue française est le socle commun.
Réunis dans la splendide salle du Centre culturel ukrainien, environ 300 convives et bénévoles de Hamilton et du Niagara ont participé à ce gala dont la programmation, très riche, touchait autant aux arts et au spectacle qu’à l’aspect plus sociopolitique du Mois de l’histoire des Noirs. En effet, le thème de cette année était « Défends tes convictions » et la personnalité emblématique de l’édition 2015, Malcolm X, était un leader noir américain dont le 50e anniversaire de l’assassinat coïncidait avec cet évènement.
Sébastien Skrobos, de l’ACFO Régionale Hamilton, et Fatoumata Sankhon, du Centre de santé communautaire Hamilton/Niagara (CSCHN), ont évoqué longuement ce à quoi se rapporte cette célébration lors de leur passage au micro. « Depuis la maison des Griffin à Ancaster, l’un des vestiges importants témoignant du chemin de fer clandestin en Ontario, à Lincoln Alexander, lieutenant-gouverneur de l’Ontario de 1985 à 1991, les Afro-Canadiens de Hamilton ont marqué l’histoire non seulement de la ville depuis ses débuts mais aussi celle de l’Ontario et du Canada », a commencé Mme Sankhon.
« Aujourd’hui, cette histoire continue à s’écrire en français avec l’apport de l’immigration francophone en provenance des Caraïbes, de l’Afrique et de l’Europe, a enchaîné M. Skrobos. Mais malgré cette présence, malgré la contribution importante des Afro-Canadiens à l’histoire de la province et de la ville de Hamilton, leur histoire reste méconnue. C’est pour cette raison qu’en tant qu’organismes communautaires francophones et en tant qu’organismes représentant les communautés ethnoculturelles francophones, nous avons souhaité participer à l’organisation de cette soirée en l’honneur du Mois de l’histoire des Noirs. »
Sébastien Skrobos et Fatoumata Sankhon ont remercié tous ceux qui avaient contribué à cette soirée, soient le CSCHN, le Collège Boréal, le Centre français Hamilton, le Réseau de soutien à l’immigration francophone Centre-Sud-Ouest, le Conseil scolaire Viamonde, le Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud, la Clinique juridique communautaire de Hamilton, l’ACFO Régionale Hamilton et les associations respectives des communautés haïtienne, congolaise, rwandaise, tchadienne et guinéenne.
C’est une vaste palette de divertissements qui attendait les participants. Le gala, animé par Jean Gacinya, de l’Association rwandaise, et Nicole Deveau, du CSCHN, réservait bien des surprises. Dans le registre culturel, la soirée a débuté avec un défilé de tenues traditionnelles. Plus tard, le public a assisté à un intermède musical avec Sylvano Tshiunda et à nombre de démonstrations de danses africaines (zoulu, shikiri, kuduro) et latino (cumbia, bachata, merengue), puisque ces dernières ont été, dans l’Amérique latine métissée, influencées par l’héritage africain.
Outre les discours d’usage des politiciens locaux, les convives ont pu entendre le témoignage de Karine Morin, juge de paix de l’Ontario, quant à son parcours professionnel et communautaire. « Défends tes convictions, prends ton éducation au sérieux et connais ton histoire d’ici et d’ailleurs », tels furent les conseils de Mme Morin à l’adresse de la jeunesse. Puis, dans une veine plus légère, l’humoriste Eddy King a donné une courte prestation. La soirée comprenait également un buffet et s’est terminée par une invitation au public à s’emparer de la piste de danse et à profiter des inspirations musicales du disc-jockey.
C’était surtout des gens de la communauté noire de Hamilton qui ont fait du bénévolat lors du gala, assurant l’accueil, le service aux tables, le service au vestiaire, etc. Bref, ce fut une magnifique vitrine, non seulement pour les Noirs de langue française, mais aussi pour l’ensemble des francophones de Hamilton, unis par la célébration de l’héritage de leurs concitoyens de descendance africaine.
Photo: Une danse rwandaise