Le Canada compte 24 nouveaux citoyens dans son giron. Francophones pour la plupart, ils ont prêté serment à Hamilton, le jeudi 12 avril, lors d’une cérémonie protocolaire empreinte de solennité et d’émotion, organisée par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).
En présence de leurs proches, réunis dans le gymnase de l’école élémentaire catholique Notre-Dame, les récipiendaires assis aux premiers rangs ont attentivement écouté le discours du Dr Gary Warner. « Vous vous engagez à partager ensemble les valeurs d’un pays démocratique qui reconnaît les droits et les libertés de chacun, a-t-il déclaré, prenant en exemple le droit de vote et la liberté d’opinion. L’ancien professeur du département de français de l’Université McMaster a aussi insisté sur les responsabilités qu’induit un tel statut en termes d’entraide, de compréhension et de respect des lois rédigées dans les deux langues officielles. « Tous les Canadiens suivent ces lois et sont égaux devant elles, quelles que soient leur religion et leurs origines. »
Cet attachement, tout canadien, au respect de l’identité de chacun, et donc des différences qui peuvent les séparer, est une des facettes qui a déterminé de nombreux participants à franchir le pas de la citoyenneté. Car le Canada non seulement accepte mais encourage les nouveaux arrivants à célébrer leurs racines, une démarche tout à fait conciliable avec leur loyauté au pays et leur intégration sociale.
La joie se lit sur le visage d’Anne-Marie. Cette retraitée française parle neuf langues et a voyagé pendant 35 ans à travers le monde du Japon à l’Amérique du Nord, en passant par l’Arabie saoudite. Et c’est au Canada, à Oakville, qu’elle et son mari André ont décidé de s’installer pour se rapprocher de leur fils et de leurs trois petits-enfants. « Nous avons choisi de devenir citoyens canadiens et de vivre près de nos petits-enfants, livre-t-elle, afin de leur transmettre la culture française et leur faire comprendre que le monde est grand et que le reste n’est que séparation politique. » Rassembler des gens pour qu’ils développent leur propre communauté fascine André : « C’est un modèle unique au monde, dit-il, impossible à reproduire en Europe parce que le Canada est un pays neuf qui se bâtit sur les talents et les identités multiples. »
Des frissons parcourent les épaules de l’assistance au moment de jurer fidélité à la Couronne puis d’entonner les hymnes franco-ontarien Mon Beau Drapeau et national Ô Canada, chanté par la chorale de l’école.
« C’est une grande joie, glisse Sabine Beltrey-Victor, émue au moment de recevoir le certificat de citoyenneté des mains du président de cérémonie. C’est la fin d’un parcours difficile et stressant, entre les examens à passer et les documents à fournir. » Cette Haïtienne a trouvé refuge avec son fils Vladimir aux États-Unis puis au Canada, après une longue attente à la frontière du Niagara.
Le certificat et le petit drapeau canadien serrés contre son cœur, Nabindu Stani se dit fière et heureuse. Pour cette mère de famille congolaise réfugiée au Canada en 2008, la citoyenneté est gage de sécurité, d’avenir et de liberté. « Je suis libre de retourner voir mes amis en Afrique comme d’aller et venir ici au Canada où je peux travailler, voter, vivre avec mes six enfants qui étudient à l’école francophone. »
Cette cérémonie hautement symbolique dans l’imaginaire collectif est donc aussi une démarche personnelle forte, un achèvement tout autant qu’un nouveau départ, que n’ont pas manqué de souligner le maire de Hamilton Fred Eisenberger, la directrice de l’école Anahid Elkes, le surintendant à l’éducation du Conseil scolaire catholique MonAvenir Jérôme Pépin, le conseiller scolaire Marcel Levesque et le président du Club de l’âge d’or Roger Paquette.