Le Comité en immigration francophone du Niagara vient d’éditer un fascicule qui présente les différents services disponibles en français dans la Péninsule. Destinée aux nouveaux arrivants qui arrivent en Ontario par la frontière américano-canadienne du Niagara, cette mini-trousse de ressources sera dans un premier temps diffusée au sein du Centre multiculturel de Buffalo. Les partenaires francophones envisagent par la suite de la mettre en place au Centre multiculturel de Fort Érié.
Étape de première importance, Buffalo est la porte d’entrée du Canada pour des milliers de candidats à l’immigration, notamment des demandeurs d’asile francophones venus d’Afrique et d’Haïti. Le centre multiculturel de la ville, le Jericho Road Community Health Center/Vive La Casa, joue un rôle d’interface entre ces populations et les autorités douanières, a expliqué la responsable des services canadiens du Centre, Maria Walker, aux membres du comité, réunis le mardi 10 avril à Welland. L’organisme renseigne les nouveaux arrivants, leur apporte une aide médicale mais aussi facilite leurs démarches administratives en les aidant à constituer leur dossier et en les mettant en relation avec les agents aux frontières.
Disponibles dans plusieurs langues dont l’anglais et l’espagnol, ces informations ne l’étaient pas en français. D’ores et déjà éditée, et mise en place à partir du mois de juin à Buffalo, la trousse de ressources viendra donc combler un manque à la frontière. Pour les membres du Comité en immigration francophone du Niagara, elle représente la première étape d’une stratégie qui consistera dans les mois à venir à véritablement occuper le terrain et tenter d’étendre sa présence pour lancer un message fort : la francophonie existe bel et bien dans le Niagara.
« Il y a encore une quinzaine d’années, nous n’avions aucun nouvel arrivant parmi nos clients, indique Normand Savoie, directeur de l’ABC Communautaire, organisme de formation pour adultes à Welland. Aujourd’hui, ils constituent la moitié d’entre eux. Cela montre que le Niagara n’est plus seulement un lieu de passage mais une région où l’on s’installe. Hamilton connaît la même tendance. »
« Avant on venait du Québec pour vivre ici. Maintenant, on vient aussi d’Haïti et du Congo pour rester dans la Péninsule », abonde Lucie Huot, directrice générale du Centre d’emploi et de ressources francophones (CERF) du Niagara, égrenant quelques histoires à succès d’immigrants dont le parcours a commencé par un premier emploi, essentiel à une intégration réussie.
L’ABC Communautaire et le CERF Niagara sont membres du Comité en immigration francophone (et de la Table interagence locale) au même titre que le Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara, le Réseau de soutien à l’immigration francophone Centre-Sud-Ouest, SOFIFRAN, ainsi que les conseils scolaires Viamonde et MonAvenir.
Ensemble, ils vont continuer à nouer des liens, notamment du côté de Fort Érié, déterminés à aller plus loin que lors de leur précédente approche, il y a huit ans. « Nous avions rencontré des responsables sur place mais ça n’avait pas abouti, se souvient M. Savoie. Cela nous avait en tout cas éclairés sur la prise en charge des francophones qui, en l’absence d’interprète, étaient accueillis avec un dictionnaire. »
L’intervention, à la frontière, d’un traducteur en cas d’urgence, au gré de l’afflux de réfugiés dont la géopolitique, les conflits et les catastrophes naturelles dictent les imprévisibles vagues migratoires, est une pratique courante qui apporte une solution temporaire et partielle. Un service insuffisant aux yeux du comité qui, avec cette trousse, a désormais un outil concret au service des immigrants qui souhaitent s’installer dans le Niagara.
Photo : De gauche à droite : (debout) Arwinder Kaur (Viamonde), Lucie Huot (CERF Niagara), Normand Savoie (ABC Communautaire), Émilienne Mondo (Réseau de soutien à l’immigration francophone), Franklin Leukam (MonAvenir) et Josette Aubourg-Valcourt (SOFIFRAN); (assis) Emanuel Mompongo (Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara).