Dans la capitale canadienne de l’acier, une vision née au cœur de l’Afrique a donné naissance à un organisme devenu pilier de solidarité. En sept ans, il a transformé la vie de centaines de familles en leur offrant bien plus que des services : un véritable lieu d’appartenance.

Christiane Beaupré – IJL Réseau.Presse – Le Régional de Hamilton-Niagara

Le Centre Rafiki de Hamilton a célébré ses sept années d’existence lors de son gala communautaire, tenu le samedi 30 août au Centre polonais de la ville. Familles, partenaires, bailleurs de fonds et invités se sont réunis pour souligner les réalisations de l’organisme et son rôle central dans la vie de la communauté noire et immigrante de la région.

Sous le thème « Enraciné dans la communauté, en croissance pour l’avenir », la soirée a mis en lumière la double mission du Centre : préserver la richesse de l’histoire et de la culture noires tout en accompagnant les familles dans leur intégration à la société canadienne. « Ce thème souligne notre lien profond avec la municipalité et le rôle essentiel de l’histoire et de la culture noires dans la croissance de notre communauté », a expliqué sa fondatrice et directrice générale, Liliane Kabamba.

Le parcours de Mme Kabamba illustre à lui seul la résilience et l’esprit de solidarité qui animent Rafiki. Originaire de la République du Congo, elle a d’abord envisagé de défendre les plus vulnérables par le droit. « C’était un rêve simple : transformer le monde, combattre l’injustice et rendre la vie meilleure pour tout le monde », a-t-elle confié. Mais à son arrivée au Canada, la réalité a été tout autre : un diplôme de droit peu reconnu, trois enfants à élever seule et le sentiment d’isolement qui s’impose lorsque l’on manque de réseau.

C’est précisément ce vide qui l’a poussée à rebâtir sa mission. « Ma voie n’était plus de combattre un système, mais de créer un endroit où chaque parent de la communauté noire se sentirait en sécurité, inclus et accepté. » Ce lieu a vu le jour modestement, avec un premier cours d’informatique offert un samedi. Puis deux. Puis, avec la pandémie, des services en ligne qui ont multiplié les occasions d’apprendre, de se retrouver et de rompre l’isolement.

Depuis l’ouverture d’un bureau permanent sur la rue James Sud, après la pandémie, le Centre Rafiki s’est transformé en véritable carrefour communautaire. L’offre de programmes s’est étoffée : ateliers pour aînés, camps de bien-être pour enfants, cours de français et d’anglais, mentorat, activités sportives, groupes de femmes et d’hommes, aide alimentaire, bibliothèque africaine, cuisine collective, célébrations du Mois de l’histoire des Noirs et de la Journée internationale de la femme. Une programmation foisonnante qui touche toutes les générations.

Les retombées sont bien réelles, au point que la mairesse de Hamilton, Andrea Horwath, a tenu à saluer publiquement le travail accompli. Elle a remis deux certificats de reconnaissance à Mme Kabamba : l’un pour l’organisme, l’autre pour son rôle déterminant dans son essor. « Vous êtes une personne remarquable, a-t-elle déclaré. Vous inspirez toute une communauté! Merci pour votre force incroyable et tout ce que vous faites pour aider les Noirs venus d’ailleurs à se sentir chez eux, ici à Hamilton. »

Le témoignage le plus émouvant est toutefois venu du fils de la directrice générale, Chris, qui a rendu hommage à une mère qu’il décrit comme « une femme inspirante, douée d’une force morale incroyable, et un être humain exceptionnel ».

Au gala, les invités ont également découvert la nouvelle initiative de l’organisme : un jardin communautaire. Pensé pour aider les nouveaux arrivants à se rapprocher de leur nouvelle terre, il offrira un espace où cultiver des légumes adaptés à leurs traditions, recréer des saveurs d’origine et transmettre le savoir agricole des aînés aux plus jeunes. La soirée faisait office de collecte de fonds pour ce projet porteur de liens intergénérationnels et culturels.

Pour Mme Kabamba, chaque initiative vise à recréer ce qui lui avait tant manqué à son arrivée : une communauté. Aujourd’hui, des centaines de familles peuvent en témoigner. Derrière les programmes et les activités, c’est un esprit de solidarité, d’entraide et de dignité qui anime Rafiki.

« J’avais un travail mais pas de communauté, pas de cercle d’amis avec qui partager ma vie et socialiser. C’est ce manque qui m’a poussée à bâtir le Centre Rafiki », rappelle la fondatrice. Sept ans plus tard, Hamilton peut mesurer l’impact de ce rêve devenu réalité.

Photo (Crédit : Le Régional) : Au nom de la Ville de Hamilton, la mairesse Andrea Horwath (à droite) a reconnu l’impact important du Centre Rafiki et de Liliane Kabamba au sein de la communauté noire.