Personne ne souhaite être malade, mais dans le vaste éventail de problèmes de santé en existence, il est des maux qui sont encore plus rébarbatifs que les autres. La dépression est de ceux-là, et afin d’en étudier les causes et les traitements, des chercheurs de l’Université McMaster, à Hamilton, ont décidé de faire cause commune avec leurs vis-à-vis de l’Institut Pasteur, à Paris.

Décrypter les liens entre la pensée et le corps pourrait permettre un jour de soigner la dépression avec autre chose que des antidépresseurs. Parvenir à une méthodologie qui personnalise le traitement aurait aussi pour effet de maintenir ceux qui ont été guéris loin des possibilités d’une rechute. C’est pourquoi mieux comprendre les origines biologiques, psychologiques et environnementales de la dépression, qui diffèrent d’un individu à l’autre, est essentiel pour l’enrayer efficacement.

C’est justement ce à quoi servira ce partenariat entre les deux institutions. Les avantages seront mutuels : d’un côté, les chercheurs de l’Institut Pasteur pourront accumuler, grâce à leurs interactions avec les patients ontariens, de nouvelles données qui les aideront dans leurs propres investigations scientifiques; de l’autre, le personnel de l’Université McMaster de même que celui du centre de recherche St. Joseph’s Healthcare Hamilton qui lui est associé bénéficieront de l’expertise de leurs collègues français, surtout en ce qui touche à la dimension physiologique de la dépression.

Cet aspect n’est pas à sous-estimer. Un problème comme la dépression est souvent associé, dans la perception populaire, à un événement traumatisant qui vient détruire le moral de quelqu’un. Or, les scientifiques savent depuis longtemps qu’il existe aussi des causes physiques. L’hérédité en est une majeure : les gènes impliqués sont connus et peuvent expliquer des pathologies caractérisant les membres d’une famille. Les hormones jouent aussi un rôle et c’est la raison pour laquelle la dépression est deux fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme. Certains troubles psychiatriques innés peuvent aussi entraîner une dépression.

Ce partenariat franco-canadien est un des trois projets liés à la santé mentale qui ont été lancés en février à l’Université McMaster. Les deux autres portent sur le stress post-traumatique chez les travailleurs ayant à composer avec des situations d’urgence : pompiers, policiers, paramédics, etc.