La Néo-Écossaise Maud Lewis (1903-1970) est parmi les peintres folkloriques canadiens les mieux connus au monde. Ses œuvres aux couleurs vives et aux paysages quasiment féériques font sourire et captent immédiatement l’intérêt du spectateur.
« Elle est la joie, pas seulement à travers ses couleurs, mais avec l’agencement de celles-ci et leur précision en lien avec les paysages maritimes de sa province natale, la Nouvelle-Écosse. J’admire sa discipline qui l’a inscrite au sein de l’histoire canadienne comme trésor national », partage Sarah Milroy, commissaire en chef de la Collection McMichael d’art canadien et commissaire de l’exposition de Maud Lewis à Hamilton. Récipiendaire de l’Ordre du Canada, Mme Milroy a eu un impact déterminant au sein de l’art canadien depuis 30 années.
Les œuvres de Maud Lewis se ressemblent tout en étant très différentes les unes des autres. La commissaire explique que pour cette exposition, les tableaux semblables traitant d’un même sujet sont agencés côte à côte. « Lorsqu’on regroupe tous les tableaux de vaches, de rivages ou de chats, on remarque davantage leurs différences. Elle a peint avec différentes approches tout en restant dans ses paramètres », explique Mme Milroy.
Paramètre ou pas, ses peintures sont profondément sincères et authentiques. « Son aura y vit et c’est probablement ce qui attire les gens », confie la commissaire. Ce qui étonne de cette artiste, c’est qu’aussi vraie et authentique qu’elle soit à son environnement dans ses œuvres, elle ignore toutes contraintes de temps ou d’espace, n’étant loyale qu’à ses visions et souvenirs.
Souvent un seul tableau affiche à la fois une couverture de neige blanche à côté d’un gazon vert ou encore des sapins en été à côté d’un « sapin » de fleurs de cerisier.
Son amour pour la peinture commence peut-être vers l’âge de 14 ans, alors qu’elle quitte l’école car l’arthrite l’empêche de continuer. Maud Lewis peint des aquarelles avec sa mère. Lorsque ses deux parents meurent prématurément, elle est, de plusieurs façons, abandonnée par sa famille.
C’est finalement dans la petite maison d’Everett Lewis, qui deviendra son mari, qu’elle s’installe. Il est possible de visiter cette demeure restaurée au Musée de la Nouvelle-Écosse.
« Avec les années, son style s’est beaucoup simplifié. Il n’y a pas beaucoup d’ombre ou de profondeur. C’est un phénomène assez normal de l’art moderne de briser les conventions », précise Mme Milroy. Pourtant, les détails y sont quand même. Lorsqu’elle peint des vaches, elle y ajoute de longs cils majestueux qui confère à l’animal une douceur quasi-humaine. « Pour ceux qui connaissent les vaches, leurs cils sont un trait marquant, et c’est remarquable que Maud Lewis ait trouvé ça important », affirme la commissaire Milroy .
L’exposition de Maud Lewis est présentée au Musée des beaux-arts de Hamilton qu’au 9 janvier 2022.
SOURCE – Élodie Dorsel
PHOTO – Maud Lewis devant sa maison