Richard Caumartin
Lors du troisième dîner-réseautage francophone à Hamilton, le public était invité au restaurant The Diplomat, le 4 octobre, pour participer à une discussion ayant pour thème « Les déterminants sociaux de la santé : bien-être mental et physique ».
Animé par Rudy Chabannes, le panel était composé de Caroline Amatte (fondatrice et directrice du centre de bien-être OHA Wellness), Annie Boucher (directrice générale de l’Entité 2) et Yann Vivette Tsobgni (militante pour la promotion de la santé mentale au sein des communautés noires africaines).
Au cours de la rencontre, les sujets abordés étaient les facteurs socio-économiques susceptibles d’affecter le bien-être, les enjeux liés à l’accès aux services de soins de santé en français et les ressources disponibles pour les francophones, ainsi que la déstigmatisation des préjugés autour de la santé mentale.
« La difficulté au niveau des besoins en services de santé en français s’explique de différentes façons. Non seulement les immigrants formés dans le domaine ne peuvent pas pratiquer leur profession en arrivant au Canada, mais ils ont de grands besoins à combler dans le secteur de la santé, explique Annie Boucher.
« Nous avons eu souvent cette discussion et c’est la solution la plus rapide pour avoir accès à des services de santé avec des personnes qui sont formées et compétentes. C’est sûr qu’il y a des manques de connaissances à combler, mais il reste que c’est la façon la plus rapide d’avoir accès à un bassin de gens qui pourraient remplir ce rôle et nous sortir un peu de ce pétrin du manque de ressources humaines en santé. »
Le système canadien met des barrières qui ne permettent pas une transition aussi simple et, selon Mme Boucher, ce sont les ordres de professionnels qui les mettent en place. « Il y en a une cinquantaine et c’est difficile au niveau systémique de régler cela. Il y a l’Ordre des infirmières et l’Ordre des médecins, par exemple, qui ont tous un rôle à jouer », ajoute-t-elle.
« Le problème est que l’on arrive ici et ça ne se passe pas du tout comme on avait prévu. On a un projet d’immigration et on se désillusionne rapidement, ajoute Caroline Amatte. Pour ma part, je l’ai vécu aussi. J’ai une maîtrise en gestion des établissements hospitaliers et médico-sociaux. J’ai voulu exercer en arrivant ici et là, la douche froide. C’est très difficile d’entrer dans le milieu hospitalier quand on n’est pas de la région. Je pense qu’il faudrait mieux informer et sensibiliser les personnes qui ont des projets immigrants ».
Le logement est aussi un facteur important qui ajoute à la problématique du nouvel arrivant. « Moi, par exemple, je vis à Toronto et les logements sont extrêmement chers, avoue Yann Vivette Tsobgni. Les familles qui arrivent ne savent pas où se loger. Elles n’ont pas d’emploi et, pour trouver un logement le moins cher possible, il faut chercher à l’extérieur de la ville, ce qui n’aide pas le nouvel arrivant à la recherche d’un emploi à Toronto.
« De plus, les propriétaires te demandent des copies de chèques de paie et un historique que tu n’as pas. Et pour l’emploi, on exige de l’expérience canadienne. Mais si vous ne m’en donnez pas, où devrais-je en trouver? C’est beaucoup de stress et la question du logement devient centrale dans un pays où il fait froid six mois par année. Pour les gens qui arrivent d’Afrique, le choc est très grand! »
De là, toute la question du bien-être et de la santé mentale chez les nouveaux arrivants, les obstacles auxquels ils sont confrontés n’aident en rien leur intégration au système canadien. Les intervenants cherchent toujours des pistes de solution, mais c’est un défi qui se vit sur le terrain, au quotidien.
Photo : Les panélistes. De gauche à droite : Yann Vivette Tsobgni, Caroline Amatte et Annie Boucher