Yolande Melono – IJL Réseau. Presse – Le Régional de Hamilton-Niagara
S’unir pour partager les douleurs entraînées par le conflit dans l’est de la RDC, proposer des pistes de réconfort et manifester de la solidarité à leurs compatriotes, les Congolais de Hamilton, en Ontario, en ont eu l’opportunité le samedi 1er mars.
En effet, au cours des trois dernières décennies, l’est de la RDC, riche en minerais, a connu des troubles incessants en raison de griefs politiques, de discordes sur les ressources et de tensions ethniques. Le conflit actuel entre les rebelles du Mouvement du 23 mars, M23, actif dans le Nord-Kivu et les forces armées de la République du Congo (FARDC) a débuté en 2012. Après des périodes d’accalmie relatives et de reprise des combats infligeant des dommages indicibles à la population, des déplacements et des pertes en vies humaines, l’escalade de février 2025 a particulièrement affecté les Congolais expatriés.
Malgré la barrière linguistique, car l’échange était en swahili, une langue nationale de l’est du pays, le moment a été thérapeutique et revivifiant pour les participants. Les 70 Congolais présents ont pu s’exprimer sur le vécu de la crise, ses répercussions dans leur vie et celle de leur famille et ont proposé des voies de soutien communes.
« J’ai partagé quelques astuces pour prendre soin de soi et garder un bien-être mental ainsi que naviguer et éviter l’isolement. C’est quelque chose qui devrait se faire plus souvent », mentionne Sandra Sassa, psychothérapeute ravie d’avoir contribué au bien-être de la communauté.
La discussion pour l’unité n’était qu’une entrée en matière. Dans une deuxième étape encore plus significative, le conseil administratif de la Communauté congolaise de Hamilton (CCH), prévoit une marche pacifique pour souhaiter l’arrêt du conflit. Dans la troisième étape, une demande de dons pour les besoins des fils et filles du Congo est envisagée.
« La visibilité a un impact et donne aux Congolais un sentiment d’être remarqués, en espérant voir une aide des autorités comme le gouvernement du Canada et d’autres pays le font en ce moment pour d’autres pays en guerre », ajoute Mme Sassa.
Pendant la rencontre, la compassion de la diaspora congolaise à l’égard des épreuves endurées par leurs concitoyens a été remarquable. «Je suis fatigué de voir mes sœurs et frères être tués, et je suis prêt à retourner pour aider et même rentrer dans l’armée et combattre » a mentionné un participant. C’était vraiment touchant de voir une personne qui vit ici en sécurité avec sa famille et qui veut apporter son appui en Afrique », souligne la présidente du CCH, Nancy Muinda.
Cependant, la voie pacifique a été le moyen préconisé pendant les échanges. « Il est important de partager la notion d’unité et de cohésion, de rester unis dans cette douleur et d’essayer de trouver des solutions pacifiques, a exhorté un des panélistes et expert en santé publique Jean Jacques Somwe. Comment les aider là-bas et comment nous aider ici? Il ne faut pas qu’il y ait de la haine envers la communauté rwandaise du Sud-Ouest ontarien. Nelson Mandela a pardonné tout le monde. Il a su réconcilier les Blancs et les Noirs pour apaiser les tensions. Nous devons copier ce modèle historique. »
C’est dans l’espoir d’un retour rapide à la stabilité de la RDC que les Congolais sont rentrés à la maison.
Photo : Des Congolais de Hamilton ont manifesté de la solidarité à leurs compatriotes de la RDC. (Crédit : CCH)