Grâce à un financement gouvernemental de 960 000 $, l’Université Brock à St. Catharines va créer le premier laboratoire sur la consommation de vin en réalité augmentée, virtuelle et sensorielle au monde.
Opérationnel à la fin de cet été, le laboratoire R3CL mènera des recherches afin de déterminer l’environnement propice à la consommation du vin, contribuant ainsi à étoffer les études du Cool Climate Oenology and Viticulture Institute (CCOVI) dans un domaine encore très peu appréhendé.
« On cherche à comprendre le comportement du consommateur, savoir comment il réagit à différents facteurs sensoriels, explique Andréanne Hébert-Haché, doctorante en biologie avec une spécialisation en viticulture. Pour cette étudiante spécialisée dans la biochimie de la résistance de la vigne au froid, « l’apport technologique de la réalité augmentée, virtuelle et sensorielle permettra de modifier l’ambiance sonore, olfactive et visuelle autour d’une personne. Nous pourrons aussi suivre en temps réel le processus décisionnel du consommateur grâce à la technologie de capture de mouvement. On sera capable de tester de nouvelles formes de bouteille, une nouvelle terminologie, de nouvelles étiquettes pour aboutir à un environnement favorable à la consommation du vin. »

Pour réussir ce défi qui touche autant à la psychologie qu’au marketing et à la biologie du goût, une équipe pluridisciplinaire se mettra en place, grâce à des partenariats noués avec les autres facultés de Brock (Biological sciences, Goodman School of Business, Centre for Digital Humanities) et plusieurs unités recherche ailleurs dans le monde (Colombie britannique, France, Australie). « Chaque aspect sera dirigé par des scientifiques déjà identifiés qui travailleront sur un projet précis. On part de zéro, on est les premiers », s’enthousiasme Andréanne Hébert-Haché.
L’émulation est d’autant plus grande que les instruments de recherche biochimiques et moléculaires du CCOVI vont être modernisés. Le montant de 960 000 $ annoncé le 8 janvier vient en effet compléter une enveloppe de 2,4 millions $ qui comprend, outre la création du laboratoire, l’extension de la capacité de la cave de recherche de l’institut pour y inclure une installation de fermentation ultramoderne, ainsi que l’achat de plusieurs instruments analytiques avancés requis pour l’analyse des arômes et du vin.
Les enjeux sont majeurs sur le plan économique dans une industrie qui génère plus de 9 milliards $ au Canada, dont 4,4 milliards en Ontario. En combinant un vin de qualité résistant au froid à une compréhension très précise du comportement des clients, l’industrie vinicole aura de sérieux outils pour accroître ses parts de marché en insufflant une perception positive sur ses produits, sur un marché mondial très concurrentiel.
Photo : de gauche à droite : Gervan Fearon, président de l’Université Brock, Debbie Inglis, directrice de l’Institut de viticulture et d’œnologie du climat frais, et Reza Moridi, ministre de la Recherche, de l’Innovation et des Sciences de l’Ontario, lors de l’annonce du financement.
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