Le Théâtre de l’Atelier 83 propose de temps à autre d’animer un espace ouvert aux arts et aux cultures francophones, dans une approche libre, diversifiée et inclusive. Une façon de prendre la parole, de conjuguer les envies créatives, de mettre en rapport tour à tour l’œil et l’œuvre, le mot et le sens, la situation et le spectateur, l’image et l’imaginaire, le rythme et le mouvement, l’interrogation et le questionnement.

Il s’agit également d’une porte ouverte à tout artiste, créatif, ou celui qui par curiosité ou engouement se penche sur des activités culturelles et artistiques sans possibilités de les proposer au regard de l’autre, une toute première œuvre. Un espace singulier dans ses propositions et pluriel dans ses intégrations. La langue bien sûr! Un français fédérateur, généreux dans ses accents et ouvert sur les sonorités du monde.

L’organisme a profité d’une de ces rencontres pour présenter les œuvres de cinq artistes de Hamilton qui n’ont pas la chance d’exposer dans les galeries d’art de la région. Les peintures, photographies et œuvres sérigraphiques étaient exposées sur les murs des bureaux du Théâtre de l’Atelier 83 sur la rue Main Est pour les personnes qui venaient participer à une discussion sur le fait français à Hamilton.

Les artistes étaient présents lors de cette activité. Entre autres Sonya de Laat, qui transforme la photographie traditionnelle et en fait une autre forme d’art visuel. Aussi les peintres Kareem Abbas, Alex Masmoudi, Abdelhamid Mosbah et Jabri Mohamed qui présentait une sérigraphie produite à Montréal en 1980.

Il faut voir le talent exceptionnel de ces magiciens du pinceau ou de l’appareil photo.
Les peintures de femmes maghrébines d’origines et de tribus diverses d’Alex Masmoudi sont saisissantes par leur beauté mais surtout par l’expression du regard de chacune d’entre elles. Il a réussi à donner à chacune de ces femmes une personnalité que l’on découvre en les regardant attentivement.

Puis à l’autre extrémité d’un des murs, la série Barton de Sonya de Laat. C’est une collection de photographies prises dans Barton Village, une section de la rue du même nom à Hamilton. Elle a couvert ces photos d’une couche de peinture transparente crémeuse leur donnant un aspect antique et unique. Les visiteurs ont beaucoup apprécié ces œuvres.

Puis après avoir rencontré les artistes, les participants se sont réunis dans une salle adjacente pour discuter sur le thème « Le fait français à Hamilton, mythe ou réalité? » C’était une opportunité pour la quinzaine de personnes présentes de se questionner et d’émettre des opinions sur la francophonie dans la municipalité. Y a-t-il différents statuts de francophones? Le français est-il pensé comme un repère identitaire ou un point de ralliement? Vivre la culture francophone dans toute sa diversité est-il un souhait manifeste? La discussion a permis un échange d’idées et de perceptions de la francophonie à Hamilton, et donné l’occasion à certaines personnes d’exprimer leurs opinions par rapport au manque de visibilité constatée dans la communauté francophone de la région, le manque de communication et de collaboration entre certains organismes. « Est-ce que la culture et les arts peuvent faire sortir les francophones, se demande Fouad Boutaya du Théâtre de l’Atelier 83. À Hamilton, nous avons quatre ou cinq organismes et chacun chante sa chanson du haut de sa montagne mais personne ne l’écoute. C’est selon moi pour cette raison qu’il y a un manque de visibilité de la francophonie à Hamilton. Comme le dit le vieil adage, une main ne peut applaudir seule. »