La pandémie de coronavirus et l’explosion de télétravail qui l’accompagne pourraient menacer la santé veineuse d’un plus grand nombre de gens et voir ces problèmes de santé se manifester chez des individus de plus en plus jeunes, prévient une experte.

Des mesures de prévention comme un niveau adéquat d’activité physique, le maintien d’un poids santé et une saine alimentation sont donc plus importantes que jamais.

Environ 20 % des Canadiens présentent des symptômes qui sont associés à la maladie veineuse chronique, a dit l’ancienne présidente et actuelle vice-présidente de la Société canadienne de phlébologie, la docteure Pauline Raymond-Martimbeault.

« La maladie veineuse chronique englobe les problèmes de thromboses, de caillots dans les veines, mais aussi les problèmes de varices, a-t-elle expliqué. Souvent les gens en souffrent, mais il n’y a rien d’apparent. »

Lorsque le système circulatoire fonctionne bien, le sang se rend facilement jusqu’aux jambes par le biais des artères et est ramené jusqu’au coeur par les veines.

Mais si ce système se détraque, par exemple parce que les valves qui contrôlent la circulation dans les veines font défaut, les veines finissent essentiellement par s’engorger de sang.

« Vous avez le sang qui essaie de remonter tranquillement, et vous avez le sang qui redescend, et ça fait dilater les veines parce qu’il y a trop de sang à un endroit particulier », a résumé la Dre Raymond-Martimbeault.

Très souvent, poursuit-elle, les gens ne comprendront pas pourquoi ils ont une sensation de lourdeur dans les jambes, pourquoi ils ressentent des douleurs ou des démangeaisons, ou pourquoi leurs jambes sont enflées.

Il s’agit pourtant d’une maladie chronique qu’on ne doit pas prendre à la légère, qui peut avoir des conséquences graves (comme des ulcères qui mettront des mois à guérir) et dont il est possible de ralentir la progression avec des traitements.

« La varice qu’on voit sur la jambe est tout simplement un signe qu’il y a quelque chose de sous-jacent que vous ne voyez pas », a dit la Dre Raymond-Martimbeault.

 

L’importance de la prévention

La maladie veineuse demeure mal connue par la plupart des médecins, même si les plus jeunes y sont plus sensibilisés que leurs prédécesseurs. Le Collège des médecins propose une nouvelle formation à ses membres à ce sujet depuis le début de l’année.

Une formation qui arrive à temps, puisqu’on pourrait assister à une recrudescence de ce problème de santé en raison d’habitudes de travail chamboulées par le coronavirus.

« En période de pandémie, il y a plusieurs gens qui sont assis à la maison, devant leur ordinateur, a souligné Dre Raymond-Martimbeault. Des gens qui avaient l’habitude de bouger, de partir pour l’école ou le travail, sont tous assis devant leur ordinateur depuis un an. C’est très mauvais, parce que ces gens-là ne font pas d’exercice. »

Une telle sédentarité interfère avec la circulation efficace du sang dans les jambes. Il est possible de contrer le problème avec des bas de compression ou des bas de contention qui aideront le système à renvoyer le sang vers le coeur, mais on ne doit pas sous-estimer l’importance de saines habitudes de vie.

Une alimentation de qualité, et notamment riche en légumes verts, fournira les vitamines dont l’organisme a besoin pour assurer la circulation du sang et donnera plus de tonus aux veines. On pourra y ajouter des suppléments en vente libre (des veinotoniques) pour renforcer le réseau.

De même, on devrait tenter de maintenir un poids santé puisqu’un surplus de poids augmentera la charge que doivent supporter les jambes et sera souvent constaté chez des gens plus sédentaires.

« Ce qui est très dommageable pour les jambes, à cause de la gravité, ce sont les gens qui travaillent debout, ou les gens qui travaillent assis et qui ne bougent pas trop pendant la journée, a dit Dre Raymond-Martimbeault. L’exercice, surtout cardiovasculaire, est recommandé. »

D’autant plus que les habitudes de travail engendrées par la pandémie ne disparaîtront pas nécessairement une fois la crise sanitaire terminée, rappelle-t-elle.

« C’est peut-être là pour rester, a conclu la docteure Raymond-Martimbeault. On a trouvé que les gens peuvent être efficaces en travaillant à la maison. Les gens peuvent prendre de très mauvaises habitudes. C’est de mauvais augure pour ce qui s’en vient.

« La prévention est très importante. Ce n’est pas la première fois qu’on entend ça. »

SOURCE – Jean-Benoit Legault