Le 18 mars dernier, le gouvernement ontarien annonçait 80 projets relatifs aux soins de longue durée qui permettront de créer 7500 nouvelles places et d’en moderniser 4197. Près de 10 % de ces places sont identifiées pour accueillir des francophones, une heureuse surprise qui va dans le sens de ce que réclame la communauté depuis plusieurs années.
Ces nouvelles places réservées aux francophones sont pour la plupart concentrées dans les grandes villes, dont notamment Toronto, où le gouvernement a prévu la création d’un tout nouveau centre pouvant accueillir 256 personnes. Ce projet, qui bénéficiera d’un investissement initial d’environ 75 millions $, répond à une demande réitérée depuis une vingtaine d’années par des membres de la communauté de langue française de la métropole d’avoir accès à un nombre de places qui réponde plus adéquatement à ses besoins.
Si de nombreux résidents de Toronto devaient jusqu’ici se résigner à se rabattre sur des fournisseurs de services anglophones, quelques-uns se sont tournés au fil des années vers le Foyer Richelieu Welland pour s’assurer que leurs proches aient accès à des services dans leur langue. Ces Torontois, qui devaient ainsi faire beaucoup de route chaque semaine pour visiter leurs parents, ont approché l’administration de l’organisme pour s’enquérir de la possibilité que celui-ci offre des services en français dans la capitale provinciale. Le Foyer Richelieu n’est pas resté insensible à ces demandes répétées et a soumis sa candidature au ministère de la Santé et des Soins de longue durée pour se faire confier la responsabilité de développer des services en ce sens à Toronto.
C’est ainsi que cet organisme de Welland s’est fait attribuer le mandat de coordonner, à Toronto, la mise en place de ce nouveau foyer francophone de 256 places qui sera vraisemblablement situé près du centre-ville ou dans les quartiers nord. Cela ne surprendra que ceux qui ne connaissent pas cette véritable institution de la région du Niagara.
« Le ministère voulait l’expertise du Foyer Richelieu qui a plus de 30 ans d’expérience. Ils savent que c’est un produit bilingue adapté au Sud-Ouest de l’Ontario », explique Sean Keays, directeur général de l’organisme. « Bilingue », car même si la clientèle du Foyer est très majoritairement francophone, l’organisme fait preuve de flexibilité lorsque cela s’avère nécessaire, que ce soit dans son accueil des couples dont l’un des époux est anglophone ou dans ses relations avec des membres des familles qui ne parlent pas français.
L’adaptabilité dont fait preuve le Foyer Richelieu est un des éléments ayant justifié sa sélection par le gouvernement. Cela dit, le nouveau foyer ne pourra pas être une simple copie de ce qui se fait à Welland : « Il y a plus de 100 000 francophones à Toronto et c’est la ville la plus multiculturelle dans le monde, fait remarquer M. Keays. Les francophones de Toronto vont avoir des besoins différents de ceux du Niagara ».
C’est pourquoi le nouveau foyer disposera de son propre conseil d’administration composé de résidents de la région de Toronto. Aussi, comme le requiert les pratiques en matière de gestion d’un centre de soins de longue durée, le site devra avoir sur place des employés affectés à l’administration, à la direction des soins, à la gestion de la nutrition, etc. En d’autres mots, tout ne sera pas piloté à partir de Welland.
Idéalement, comme l’explique Sean Keays, les deux foyers disposeront toutefois d’un bureau corporatif commun où certaines facettes de la gestion, telles les finances et les ressources humaines, seront centralisées. Comme le souligne le directeur général, des économies d’échelle pourront être réalisées, par exemple, dans l’achat d’articles divers.
Quant au Foyer Richelieu Welland, cet élargissement de l’offre de services pour les francophones permettra d’y libérer quelques lits, puisque l’organisme était soumis depuis un bon moment à une demande de plus en plus grande. C’est d’ailleurs ce qui a mené au projet d’agrandissement, annoncé en 2018, qui transformera en profondeur non seulement le bâtiment existant mais aussi la dynamique des services qui y sont offerts.
« C’est un parcours exceptionnel pour les francophones du Sud-Ouest de l’Ontario », s’émerveille Sean Keays, lorsqu’il est question des développements récents en ce qui a trait au bien-être des aînés.
PHOTO (archives Le Régional) – Sean Keays, directeur général du Foyer Richelieu