Un récent rapport de dépenses controversées liées à un voyage en Italie et une retraite au stade des Blue Jays soulèvent des questions sur la gestion des fonds publics, alors que le gouvernement provincial prend des mesures pour renforcer la gouvernance des conseils scolaires.
Olaïsha Francis, IJL Réseau.Presse – L’Action de London-Sarnia
Après un examen minutieux qui a mis en lumière des dépenses questionnables et une gestion peu rigoureuse des fonds publics par le Brant Haldimand Norfolk Catholic District School Board (Brantford) et le Thames Valley District School Board (London), le gouvernement provincial a décidé de prendre des mesures strictes. En juillet 2024, quatre conseillers scolaires ont dépensé près de 190 000 $ pour un voyage en Italie. Lors de ce déplacement, le Conseil scolaire catholique de Brantford a acquis des œuvres d’art religieuses pour deux nouvelles écoles de la région. Parmi ces dépenses, 63 000 $ ont été consacrés à des frais juridiques pour gérer les conséquences du scandale.
« Les fonds publics méritent toujours d’être contrôlés minutieusement, et nous devons nous assurer que les fonds sont utilisés de la manière dont ils sont censés l’être. Je suis donc préoccupé par toute preuve de mauvaise gestion des fonds publics ou de très mauvaises décisions de dépenses par l’administration ou les administrateurs, dans la mesure où ils ont été impliqués dans les décisions financières du conseil d’administration », a déclaré Peggy Sattler, députée provinciale néo-démocrate de London-Ouest.
Le rapport de l’examinateur Aaron Shull, publié il y a quelques semaines, dresse un tableau sur la gestion financière du conseil scolaire. Il souligne un manque de transparence dans les décisions prises par les administrateurs du conseil scolaire catholique à Brantford. Selon le rapport, on note une mauvaise gestion des fonds publics et le non-respect des politiques internes.
À la suite de ce rapport, le Conseil devrait examiner les 18 recommandations qui renforceront la responsabilité fiscale, comme le remboursement des frais de déplacement des administrateurs, la récupération des fonds dépensés pour l’achat d’œuvres d’art et d’artéfacts en Italie, la soumission d’un plan de développement professionnel sur les responsabilités en matière de gouvernance pour les administrateurs du Conseil et l’attestation que le Conseil ne mènera ses activités que dans le cadre de réunions conformes à la législation.
« Notre gouvernement attend de tous les conseils scolaires qu’ils respectent les normes les plus élevées en matière de responsabilité, de transparence et de bonne gouvernance dans l’intérêt des élèves, des parents et des enseignants. Nous continuons à protéger l’Ontario en adoptant une approche de retour aux sources qui garantit que les élèves sont préparés aux emplois de demain », selon Emma Testani, attachée de presse du ministre de l’Éducation, Paul Calandra.
Ce scandale survient alors que d’autres conseils scolaires sont également sous le radar des autorités provinciales. Par exemple, le Thames Valley District School Board (London) avait fait la une l’année dernière après une retraite dans un hôtel au stade des Blue Jays, coûtant 40 000 $. Mais pour certains, cette affaire soulève une question : le gouvernement provincial n’est-il pas en partie responsable des difficultés financières des conseils scolaires?
Lors de son intervention sur le sujet, la députée Peggy Sattler a évoqué : « Le gouvernement ne mentionne pas le sous-financement des conseils scolaires qui subissent une baisse de financement de 1500 $ par élève, ce qui a rendu les conseils scolaires vulnérables, avec une pression constante des coûts de l’éducation, notamment sur les dépenses pour l’éducation spécialisée, le Régime de pensions du Canada et l’assurance-emploi. »
Pour Mme Sattler, les dépenses malicieusement critiquées, comme la retraite de 40 000 $ du Thames Valley District School Board, ne sont qu’un effet d’un mal plus profond, à savoir le manque de financement de l’éducation. « Si ce montant avait été alloué aux élèves comme il aurait dû l’être, on ne se retrouverait peut-être pas dans cette situation de déficits », a-t-elle ajouté.
La question de la supervision provinciale des conseils scolaires a aussi été soulevée. Le gouvernement a pris la décision de mettre le Thames Valley District School Board sous tutelle, une mesure qui reste rare en Ontario. Les critiques se multiplient sur le fait que « le gouvernement semble vouloir détourner l’attention de ses propres manquements en matière de financement de l’éducation en mettant l’accent sur les conseils scolaires eux-mêmes », a insisté Chandra Pasma, députée provinciale néo-démocrate.
L’avenir et la réussite des élèves dépendra non seulement d’une meilleure gestion des fonds publics par les conseils scolaires, mais aussi d’une « prise de responsabilité » de la part des autorités provinciales.
Photo : Brant Haldimand Norfolk Catholic District School