Difficile de ne pas le remarquer : dans plusieurs grandes villes, les sans-abri semblent être de plus en plus nombreux. En fait, l’expression «sans-abri» est sans doute inexacte considérant que le symptôme le plus visible de ce phénomène consiste justement en ces villages de tentes qui surgissent çà et là dans les lieux publics.

À Hamilton, cette réalité s’est accentuée au cours des derniers mois. Le 9 septembre dernier, des fonctionnaires municipaux révélaient, lors de la réunion du comité des affaires générales, que 15 de ces campements existent dans les limites de Hamilton dont 6 au centre-ville.

Pendant plusieurs semaines, celui au pied du FirstOntario Centre, sur le boulevard York, était le plus important. L’épicentre semble s’être déplacé sur l’avenue Ferguson Nord à proximité du Wesley’s Day Centre où les itinérants ont accès à des douches, des repas et des services de santé de base.

Pour le moment, en l’absence de données claires sur le sujet, il est impossible de confirmer si la pandémie et la récession qui l’accompagne y sont pour quelque chose dans cette crise. En fait, il n’est même pas confirmé qu’il y ait davantage d’itinérants à Hamilton, le confinement des derniers mois ayant brouillé les cartes au niveau de la délivrance de services pour cette population fragilisée et mis à mal la collecte d’informations à son sujet.

Quoi qu’il en soit, la croissance alarmante de ces campements aura au moins remis à l’avant-plan le problème de la pauvreté.

Une injonction accordée par la Cour supérieure de l’Ontario à une coalition d’organismes des domaines du droit et de la santé force Hamilton, depuis la fin juillet, à ne pas retirer ces tentes des lieux publics avant qu’une alternative en termes de logement ne soit offerte à ceux qui y vivent. Le conseil municipal a décidé, le 21 août, d’en appeler de cette décision mais ne sera pas entendu avant la mi-octobre.

Cela dit, la Ville de Hamilton ne demeure pas inactive et s’efforce de loger les sans-abri dans les refuges temporaires, des logements abordables, voire dans des hôtels au besoin. Une approche au cas par cas, souvent difficile à appliquer, doit prendre en considération différents facteurs, telle la santé mentale de l’itinérant ou s’il est propriétaire d’un animal de compagnie. La dépendance à la drogue ou à l’alcool vécue par certains est une autre facette de cette problématique complexe.

L’arrivée de l’automne rend pressante la recherche d’une solution, tant à Hamilton qu’en d’autres villes aux prises avec ce même problème. La pandémie, qui semble reprendre du poil de la bête, pèsera sans doute dans la balance, l’insalubrité de ces camps de fortune et la promiscuité qui y règne représentant un danger sur le plan sanitaire.

PHOTO – Le village de tentes de l’avenue Ferguson Nord