Il y a une quarantaine d’années, époque où il est arrivé à Cambridge, Paul André Lemay déménageait aussi avec lui ses traditions ancestrales. Ce natif de Leclerville, « une petite ville située entre Trois-Rivières et Québec, au sud du Saint-Laurent », a tôt fait de s’acheter une érablière et de perpétuer cette coutume qui s’est transmise d’une génération à l’autre depuis 400 ans au sein de la famille Lemay. C’est ce qui explique pourquoi la fabrication du sirop d’érable n’a plus de secret pour Paul André Lemay et, tous les ans, il permet à tous ceux venus au brunch Cabane à sucre du Centre communautaire francophone de Cambridge (CCFC) de se sucrer le bec.

C’est ainsi que le dimanche 25 mars, la salle communautaire du CCFC comptait 180 convives, dont plus de 80 % sont des habitués de ce brunch annuel. Ils arrivent peu à peu vers midi ou après la messe dominicale. Aucun billet n’est vendu à la porte car tous sont vendus d’avance. À l’entrée, Francine Lemay vend des produits de l’érable : tire, sirop et sucre tandis que la souriante Marie-Rose Harungikimana accueille les invités.

À l’intérieur, familles et amis se retrouvent joyeusement assis à l’une des nombreuses tables, et échangent les dernières nouvelles avant de pouvoir savourer les délicieux plats préparés à cette occasion par l’équipe de bénévoles du CCFC. Au menu : soupe aux pois, pommes de terre rissolées, bacon, saucisses, crêpes, pain doré, œufs brouillés, fèves au lard. Deux tables de service ont été installées afin de pouvoir servir les gens plus rapidement.

Dans la cuisine, Louise Bell s’affaire à cuire simultanément les crêpes sur les trois ronds du poêle, le quatrième tenant lieu de réchaud tandis que son mari prépare les oeufs brouillés. Elle s’était levée à 5 heures ce matin-là pour préparer la pâte à crêpes. La veille, Mme Bell avait également fait tremper et cuire les fèves au lard ainsi que le jambon. Des bénévoles font le va-et-vient continuellement pour s’assurer que les tables de service soient toujours bien garnies et que les convives mangent à leur faim tandis que d’autres desservent les tables ou encore font la vaisselle. Ce ne sera qu’à la toute fin de l’activité, quand tous seront bien rassasiés que tous ces bénévoles s’assoiront ensemble pour savourer le fruit de leur travail.

De la table, les convives passent ensuite à l’extérieur où Paul André Lemay et son fils Normand, répandent sur des bacs remplis de neige le sirop doré que les jeunes et moins jeunes pourront enrouler sur un bout de bâton et savourer. Qu’il soit clair ou foncé, le sirop est toujours aussi bon. En fait, M. Lemay explique que c’est la température qui déterminera la couleur du liquide. « Si la température est de +5 pendant la journée, et -5 pendant la nuit, le sirop sera clair; par contre si elle est de +10 pendant la journée et de -5 pendant la nuit, il sera foncé. C’est Lui qui décide », dit-il en regardant vers le ciel.

Celui qui avait ramassé la neige immédiatement après la première tempête de la saison afin de la conserver au congélateur pour des événements, tels que le Brunch Cabane à sucre, prend un véritable plaisir à partager ses connaissances et le fruit de son travail. Déjà la relève chez les Lemay est assurée. Les francophones de Cambridge et des environs n’ont pas fini de se sucrer le bec!