La tradition de la cueillette de l’eau de Pâques remonte au XVIIIe siècle, à l’époque de la Nouvelle-France. Déjà là, elle était perçue comme magique, une eau de protection et de guérison pour l’année à venir. Les gens aspergeaient les cadres de leur porte ou en buvait même.
Il est possible de retracer son origine jusqu’aux ancêtres français de la Normandie et de la Bretagne ainsi que chez d’anciens rites païens des fêtes printanières. La consécration d’eau se faisait le Samedi saint, la veille, et les croyants en profitait pour en rapporter une réserve chez eux.
Martine Roberge, professeure titulaire au département des sciences historiques de l’Université Laval, explique dans ses écrits que de là est née la croyance populaire que toute eau courante, le matin de Pâques est « bénie ». Associée aussi à la nature et au renouveau qui reprend vie au printemps, l’eau renfermerait des propriétés thérapeutiques miraculeuse.
Les croyants affirment que cette eau protège contre certaines maladies et intempéries, tout comme d’autres porte-chance que l’on retrouve dans les religions. L’idée s’aligne avec celle du baptême, rituel purificateur et protecteur lui aussi performé avec de l’eau bénite.
Les initiés sont donc nombreux à se lever vers 3 h ou 4 h du matin pour venir cueillir cette eau avant les premiers rayons de soleil à l’aube. Parfois la cueillette est même entourée d’évènements significatifs (et tout aussi amusants!) telles une procession illuminée aux flambeaux pour se rendre à la source et la vigile pascale pour clôturer la tradition. Certaines localités en ont fait un rassemblement social communautaire et touristique.
Plusieurs opinions existent pour ce qui est des conditions requises pour la cueillette. Certains prétendent qui faut rester silencieux ou en prière tout le matin, d’autres indiquent qu’il faut de l’eau courante et non stagnante, et certains décident de s’y baigner! Tout le monde semble d’accord que l’eau doit être récoltée à contre-courant pour qu’elle se conserve et ne se dégrade pas au fil de l’année.
Mais attention! C’est une chose de s’asperger de l’eau de source mais en boire peut s’avérer très dangereux pour la santé à cause des parasites et des bactéries qu’elle peut contenir. Il faut s’assurer de bien la désinfecter comme au camping avant d’en boire!
Finalement, tradition religieuse ou pas, la cueillette demeure une excellente excuse de se lever tôt et de se retrouver en nature avec ses proches, c’est peut-être là qu’est le vrai remède de l’eau de Pâques.
SOURCE – Élodie Dorsel