Le Régional produit une série d’articles sur le projet des communautés francophones accueillantes, des entrevues réalisées avec des immigrants francophones de la région de Hamilton dont l’intégration communautaire et familiale est inspirante.

En provenance de l’Algérie, Rosa Atmani est l’une de ces personnes.

« Je suis arrivée ici en 2019, raconte-t-elle. Nous avions reçu la déclaration d’intérêt de l’Ontario juste après avoir soumis notre profil, mon mari, mon fils et moi. Nous étions très contents car l’Ontario était notre choix principal, là où nous voulions voir notre fils vivre sa vie et bâtir son avenir. »

« Nous étions certains que d’une part, ça allait être une expérience riche et pleine de défis. D’autre part, nous savions que nous apportions avec nous une valeur ajoutée étant donné nos expertises. Aussi parce que l’Ontario offre beaucoup de services en français, il nous restait alors à choisir la ville. Nous voulions éviter Toronto ou Ottawa car le coût de la vie y est très élevé. Nous avons alors choisi Hamilton, plus favorable par son climat et son écosystème économique avec ses six secteurs industriels, un aéroport, un port, etc. »

 

Quels défis avez-vous rencontrés au début de votre intégration?

« Nous estimons que nous avons été chanceux d’arriver en août. Cela nous a donné le temps de nous installer, de profiter de l’été et de permettre à notre fils de préparer sa rentrée scolaire dans une école francophone. C’est vrai que ce qui a ajouté à la difficulté, c’est que nous n’avions ni famille, ni amis dans la ville.

Le premier défi était de trouver un logement décent à coût raisonnable. C’était très compliqué car pour louer un logement, il fallait notre historique de crédit et une recommandation de l’ancien hébergeur que nous n’avions pas. Pour chaque logement intéressant que l’on trouvait, le propriétaire préférait louer à une personne qui avait un revenu fixe plutôt qu’à une famille qui n’avait pas encore de revenu. Finalement, on a réussi à trouver ce qu’on cherchait.

« Vient ensuite la recherche d’emploi. Nous avions compris que ni nos diplômes ou expériences précédentes n’étaient reconnus. Donc, il fallait rapidement qu’on comprenne le marché du travail avec l’adaptation des CV et les lettres de motivation au style canadien. Puis s’inscrire auprès des services en emploi, le YMCA et le Collège Boréal pour débuter. Ensuite, vient le coté études. Même si je suis ingénieure de formation, ce n’est pas reconnu ici. Il faut donc retourner aux études ou acquérir un certificat. »

 

Vous êtes-vous senti isolée, ou avez-vous vécu un sentiment de solitude durant ce parcours d’intégration?

« L’avantage qu’on avait, dès le début, est que l’on était inscrit au YMCA, et même avant de venir, on avait participé à différents webinaires et sessions d’information organisés par les différents fournisseurs de services en établissement.

« Nous avons été bien orientés et avons reçu des renseignements sur la culture canadienne. La communauté rencontrée à l’école de notre fils nous avait aussi suggéré de contacter le travailleur en établissement qui était aussi un contact pour le Centre de santé communautaire de Hamilton.

« Là encore, nous avions réussi à tisser des liens avec la communauté francophone. À partir de là, nous avons été orientés vers le Collège Boréal, où nous avons découvert de précieuses ressources. Alors, nous n’avons pas réellement connu ce sentiment d’isolement mis à part la période de la pandémie qui, bien sûr, est exceptionnelle pour tout le monde.

 

Quels sont les services qui devraient, selon vous, être instaurés ou améliorés pour faciliter l’intégration de nouvelles familles immigrantes dans la région?

« Aujourd’hui, si je cherche un comptable ou un médecin de famille qui parle français, ce n’est pas facile à trouver et pourtant c’est très important. Les gens s’informent donc sur les réseaux sociaux. En plus d’organiser des sessions d’information pour les nouveaux arrivants, il faudrait intégrer de nouveaux sujets tels que comment se protéger contre les risques d’escroquerie, comment gérer son budget, des cours de littératie financière et comment trouver un emploi. »

 

Quelle est votre situation aujourd’hui et diriez-vous que vous avez pris une bonne décision en immigrant au Canada?

« Dès mon arrivée, j’ai eu la possibilité de travailler comme assistante juridique dans un bureau d’avocats en bénéficiant d’une subvention d’Emploi Ontario. En raison de la pandémie de COVID-19, j’ai perdu mon emploi en mars 2020. J’ai alors saisi cette opportunité pour m’inscrire au Collège Boréal dans une formation relais en ligne en Leadership et Management, ce qui m’a ouvert la porte à un stage pratique en marketing chez Next Level Impact Consulting.

« J’ai ensuite décroché un emploi en janvier 2021 comme gestionnaire de projet chez Givic Construction. Par la suite, j’ai suivi deux formations sur l’entreprenariat, l’une étant Tremplin d’Oasis Centre des femmes et l’autre ÉlanF. Cela m’a permis de concrétiser mon projet d’entreprise et ouvrir ma propre agence Digital Revitalize & Recreate Marketing.

« Ce fut définitivement une bonne décision d’avoir choisi le Canada et nous sommes très heureux de nous y retrouver car c’est un beau pays qui offre des opportunités à tous. »

 

Quels conseils donneriez-vous à une personne ou une famille immigrante qui voudrait venir s’installer dans la région ?

« Cherchez l’information, ne restez jamais renfermer sur vous, construisez un réseau de connaissances et rencontrez des gens. Adressez-vous aux différents services mis à votre disposition et ne craignez pas de questionner et de participer aux différentes activités organisées à la bibliothèque, chez les fournisseurs de service ou dans votre communauté. Consultez le site de la municipalité pour connaître votre ville. Apprenez toujours car le savoir est la principale clé de l’épanouissement et de la réussite. Soyez toujours positifs si vous avez fait le pas d’immigrer. Explorez et profitez de la vie, elle mérite d’être pleinement vécue.

 

PHOTO – Rosa Atmani