Succédant à Claudette Mickelsons, partie à la retraite, Baptiste Alain Bourquardez a pris en janvier les rênes du Collège Boréal pour la région de Hamilton-Niagara.

Du haut de ses 30 ans, ce jeune Alsacien a déjà un bagage professionnel conséquent débuté 11 ans plus tôt, loin des maisons à colombage et des ballons vosgiens, ces immenses collines boisées qui parcourent sans fin le nord-est de sa France natale.

« J’ai quitté la maison familiale de Thann, près de Mulhouse, à 17 ans, décroché mon premier emploi en Louisiane à 19 ans et assumé ma première grosse responsabilité en Indonésie à 22 ans », résume-t-il.

Diplômé d’une licence (l’équivalent du baccalauréat au Canada) en commerce international de l’Université du Littoral, d’une maîtrise en Lettres, langues et communication de l’Université Charles-de-Gaulle de Lille et d’un diplôme universitaire technologique (DUT) en Technique de commerciale (niveau collégial), M. Bourquardez a multiplié très tôt les expériences internationales, parallèlement à ses études, mû par une idée fixe : aller là où les francophones se trouvent, comme pour entretenir le lien linguistique de ses origines hexagonales.

De Denver (États-Unis) à Colombo (Sri Lanka), il a travaillé au ministère des Affaires étrangères et au sein du réseau des Alliances françaises, avant de s’embarquer pour Surabaya (Indonésie). Adjoint au directeur de l’Institut français, il était responsable de la programmation culturelle et de la coopération.

« J’ai eu la chance de voyager grâce au travail. Dans chaque endroit où je suis allé, se trouvait la francophonie, dit-il. Et même ici, à Hamilton où je viens pour rester, je continue de voyager sur place car chacun apporte un morceau de chez soi. Ces expériences d’ici et d’ailleurs au contact de francophones de différentes sensibilités, religion ou culture m’ont ouvert les yeux sur la richesse du dialogue interculturel et m’ont aussi aidé à comprendre d’où viennent les gens afin de mieux répondre à leurs besoins. »

En 2013, ce n’est pourtant pas le travail qui sera le déclencheur de sa venue au Canada mais bien le désir de s’installer avec sa femme, Melissa, une enseignante originaire de Guelph rencontrée en Indonésie, et leur fille Juliette qui, à 18 mois, s’apprête à entrer dans une garderie francophone.

Directeur des campus de l’Alliance française d’Oakville et Mississauga, il a géré les équipes qui enseignent le français langue seconde au public de tout âge et de tout niveau. C’est encore dans la formation qu’il continuera à évoluer en 2016, au sein du collège Boréal, toujours à Toronto, en tant que gestionnaire.

« Je connais bien les programmes et les équipes du Collège Boréal. On a travaillé sur des dossiers communs avec Claudette Mickelsons, lorsque j’étais à Toronto. Je suis honoré de lui succéder à Hamilton. Je prends connaissance progressivement des spécificités de la région mais je peux vous dire que je compte participer activement à l’intégration économique des nouveaux arrivants et aider toute personne qui en a besoin dans ses démarches d’employabilité. »

Au-delà de la formation continue, le Collège Boréal gère en effet le centre Options emploi de Hamilton. « Notre rôle est de casser les barrières à l’emploi, que ce soit la langue, le diplôme ou l’expérience canadienne. On y répond par toute une série de programmes axés notamment sur la santé, la petite enfance et le marketing où les besoins sont importants, ajoute-t-il, déterminé à créer plus de liens avec les employeurs, notamment lors d’événements comme la foire d’emploi du 22 mars à Hamilton.

Parmi les nouveautés annoncées par le chef régional figurent les programmes de formation relais Management et leadership, Logistique/chaîne d’approvisionnement, Navigateur de santé et, dans quelques mois, des formations sur mesure en français des affaires et sur les Quatre clés du leadership, ainsi qu’une formation en Secourisme et premiers soins, qui s’ajouteront aux formations linguistiques et d’alphabétisation existantes, dispensées à Hamilton et en partie sur le campus de Welland, au sein du Niagara College.

Interrogé sur les grèves qui ont frappé l’ensemble des collèges de l’Ontario durant cinq semaines, l’automne dernier, Baptiste Alain Bourquardez indique que le mouvement n’a finalement pas mis en péril le cours des programmes ni les remises de diplôme.

À propos des fermetures de programmes à Boréal, il évoque un jeu de vases communicants : « On s’étend sur des territoires et dans d’autres on est moins investi. En fonction des inscriptions et attentes, on est amené à fermer des programmes mais aussi à en ouvrir comme à Windsor, Chatham et Sarnia », analyse celui pour qui le développement des cours à distance est un enjeu crucial pour répondre à la demande de formation.

Promoteur de langue et de la culture francophones d’un bout à l’autre du monde, Baptiste Alain Bourquardez apprécie la dimension communautaire propre à Hamilton et au Niagara. Fils d’éducatrice à la petite enfance et mari d’enseignante, l’éducation est manifestement dans ses gènes et il compte aider les gens à s’en servir pour réussir leur intégration professionnelle.

 

Photo : Baptiste Alain Bourquardez, nouveau chef régional à Hamilton