« Si le français n’est présent que dans les écoles, on va le perdre dans la communauté. », a prévenu Dominique O’Rourke en introduisant le deuxième « 6 à 8 » du Réseau-Franco Guelph, dans le Café Robusta, au centre-ville.
Le bouche-à-oreille a visiblement fonctionné. Une cinquantaine d’intéressés ont répondu à l’invitation de cette relationniste qui a à cœur de rassembler les francophones de sa région.
« Parler et vivre en français est très important pour moi et mes enfants. Alors je vous invite à faire partie de ce petit rêve-là. Le réseau n’existe pas encore. C’est vous qui aller l’inventer en nous disant ce que vous voulez faire. »
En effet, tout reste à créer. Depuis le départ de grandes entreprises qui employaient de nombreux francophones il y a quelques années, le tissu communautaire s’était quelque peu délité, ne reposant plus que sur les deux écoles élémentaires et le département de français de l’Université de Guelph.
Discussions et échanges d’idée ont donc fusé de toute part lors de cette soirée à laquelle beaucoup participaient pour la première fois. « Avoir une communauté en dehors de l’école est primordial selon Brian Elkhoury. Cet enseignant en musique à l’École secondaire catholique Père-René-de-Galilée, à Cambridge, ville voisine, affirme que l’école elle-même n’est plus un sanctuaire linguistique. « Si le français commence à se perdre, c’est en grande partie parce qu’en dehors de la classe, l’anglais devient la langue courante. Il est vital de la reconquérir en dehors des murs de l’école. »
Un cercle de discussion, un club de lecture, des pièces de théâtre, des projections de films… Chacun livre ses envies sur les petits post-it mis à disposition. Miki Grosz, un retraité avenant et amoureux de la langue de Molière, rêve d’un club de marche et d’activités culturelles en tout genre. « Tout ce qui peut me rapprocher du français m’intéresse, dit-il. À Guelph, les occasions de se divertir en français sont quasiment inexistantes. On veut changer ça. »
Président du Cercle des aînés de Cambridge et résident de Guelph, Claude Charpentier voit d’un bon œil cet élan communautaire. « Faire la connaissance de toutes ces nouvelles têtes qui ont tant d’idées est très encourageant. Guelph avait besoin d’une telle initiative. »
Un rassemblement qui s’adresse aux francophones mais aussi francophiles comme Marian Kelly. Cette étudiante en philosophie à l’Université de Guelph entrevoit une formidable opportunité de perfectionner la langue : « Pratiquer des activités communes est la meilleure façon d’améliorer mon français. »
Sur les réseaux sociaux comme dans les rendez-vous physiques, le Réseau Franco Guelph prend de l’ampleur et réussit le pari de réunir des personnes de tous âges et de tous milieux sociaux. Leur contribution et le lancement cet automne d’une vaste consultation devrait donner une bonne indication de la forme que prendra le mouvement. Association culturelle fournissant des services ou simple relai d’information communautaire, quel que soit le futur visage du Réseau-Franco Guelph, le mouvement est en marche.
Photo 7483 : De fructueux échanges au café Robusta.