S’élever ensemble : c’est le nom d’une coalition antiraciste formée d’agences et d’intervenants divers née dans la foulée d’une consultation menée l’année dernière par la Clinique juridique communautaire de Hamilton (CJCH). Cette initiative vise principalement à développer, chez la communauté noire, une meilleure compréhension et utilisation de la loi et un premier projet à cet effet fut officiellement lancé, le lundi 11 février, à l’occasion d’un rassemblement bilingue à la Bibliothèque centrale.

Mouna Bile, coordonnatrice juridique à la CJCH affectée à la communauté afro-canadienne, était la principale intervenante de l’activité. Dans son discours, elle a notamment attiré l’attention sur une réalité préoccupante : « Mon expérience m’a enseigné que l’accès à la justice n’est pas équitable. Beaucoup d’entre nous connaissons les statistiques reliées au traitement des personnes racialisées et particulièrement ceux qui sont racialisés en tant que Noirs. Ce sont des chiffres qui donnent à réfléchir mais qui poussent aussi vers le besoin d’agir. »

Quels sont ces données préoccupantes? « Il y a quatre fois plus de garçons canadiens noirs âgés de 12 à 17 ans dans les centres de détention pour jeunes que ce qu’ils représentent par rapport à l’ensemble de la population masculine, a rappelé Mme Bile. Il y a une plus grande proportion des enfants noirs sous les soins de l’État : 41 % des jeunes pris en charge par l’Association ontarienne des sociétés de l’aide à l’enfance de Toronto sont noirs alors que seulement 8,2 % de la population en dessous de 18 ans est noire. »

D’autres statistiques de cette sorte existent quant à l’accès au logement, à l’itinérance, aux relations avec la police, etc. Or, la coalition S’élever ensemble a choisi pour le moment de consacrer son premier projet à un groupe précis : les élèves du secondaire issus de la communauté noire et ceux qui les entourent. Nommé Accès à la justice, ce programme consistera à éduquer les jeunes à leurs droits en milieu scolaire : la discrimination, le harcèlement, les expulsions abusives, etc., voilà autant de problématiques qui seront abordées.

Le coordonnateur du projet, Alex Battick, a expliqué que les parents de ces jeunes peuvent aussi bénéficier du programme en acquérant une meilleure idée des recours existant en cas de punition déraisonnable imposée par l’école et qui pourrait avoir une incidence sur le parcours scolaire de l’élève.

La création de ce programme a surtout relevé des circonstances. La CJCH avait alors à son emploi M. Battick qui était le mieux placé pour endosser les fonctions de coordonnateur alors que se dessinait la possibilité d’un partenariat avec Empowerment Squared, un organisme oeuvrant à l’émancipation des groupes défavorisés ou marginalisés, particulièrement chez les jeunes. Joana Fejzaj, directrice au développement et à la sensibilisation au sein de cet organisme, était d’ailleurs présente à la soirée de lancement.

En guise de conclusion à l’événement, Eddie Lartey, un poète slameur, a interprété quelques-unes de ses oeuvres dont le propos illustrait des réalités propres à la communauté noire.

PHOTO: Eugène Nshimiyimana, un membre francophone du comité aviseur de S’élever ensemble, s’adresse à l’assistance.