Les Ballets Jazz de Montréal (BJM) ont donné le mardi 27 février, au FirstOntario Performing Arts Centre de St. Catharines, une de leurs dernières représentations canadiennes avant de s’envoler pour une tournée européenne en France et en Italie durant tout le mois de mars.
Sur les planches du Partridge Hall, la très élastique Céline Cassone a définitivement conquis les 700 spectateurs, dans le préambule Mono Lisa, provoquant des « Oh! » de stupeur à chaque grand écart. Chevelure rouge et tenue de feu, la danseuse française – et coordinatrice artistique de la compagnie –a formé avec Alexander Hille un duo extrêmement physique, aérien et poétique. Semblable à des cliquetis de machine à écrire se confondant avec le tic-tac d’une horloge qui s’emballe, la trame sonore a enveloppé cette performance de huit minutes, donnant le ton de la soirée.
Introduit par une vidéo sur sa genèse, sa vision et ses personnages, O Balcao de Amor a ensuite entraîné le public dans le tourbillon mambo des années 1950. Treize danseurs sur scène ont enchaîné différents tableaux, certains sur plusieurs plans accentuant la profondeur et donnant l’illusion d’une évolution. Résultat : une hystérie musicale collective sur scène, une forme de désordre ordonné, ponctué d’habiles maladresses. Celles de Jeremy Coachman, dans le rôle du danseur hésitant en quête de succès. Ces touches d’humour tombées dans les moments les plus délicats, les mouvements les plus pointus, ont provoqué surprise et rires. Les personnages étaient travaillés dans leurs moindre détails, tant dans les costumes que dans leurs attitudes, donnant naissance à des scènes cocasses, au beau milieu d’un enchaînement millimétré.
C’est incontestablement la patte d’Itzyk Galili que les spectateurs du FirstOntario Performing Arts Centre ont vue à l’œuvre. Le chorégraphe israélien était aussi à la baguette dans la dernière performance, Casualties of Memory, la plus aboutie. S’ils n’étaient pas parfaitement synchronisés entre eux, les danseurs des BJM étaient au diapason des percussions, renforcées par une lumière hallucinante. Les danseurs évoluaient tantôt dans l’ombre, tantôt dans la lumière sous cinq rangées de projecteurs superpuissants produisant leur effet. Chorégraphie, musique, costumes, lumière… Tout était en symbiose pour offrir aux spectateurs de St Catharines un Casualties of Memory mémorable.
Photo : les 13 danseurs de O Balcao de Amor (Photo Jeremy Coachman)