C’est du 24 au 26 septembre derniers que le congrès de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) s’est tenu à Niagara Falls. Des délégués de partout au Canada se sont réunis pour partager leur expertise et faire connaître leurs expériences. L’ACELF organise chaque année pareil rassemblement d’envergure, alternant entre les grandes régions du pays dans le choix de celle qui en sera l’hôte. Le hasard veut que ce soit l’Ontario qui ait accueilli l’édition 2015 de l’évènement en cette année du 400e anniversaire du fait français dans cette province.
Le titre de la thématique du congrès n’a pas manqué de piquer la curiosité. « En français? Avec plaisir! » : ainsi intitulée, la programmation révélait que c’est sur l’aspect ludique de l’apprentissage que les participants devait focaliser leur attention et leurs échanges. Combiner pédagogie et divertissement n’est pas une stratégie nouvelle, mais les nombreuses approches dans lesquelles elle peut se décliner méritaient d’être considérées dans le détail.
La chose a d’autant plus d’importance pour les communautés francophones en situation minoritaire qui doivent mettre les bouchées doubles pour inculquer un français de qualité à ceux, jeunes et moins jeunes, qui en font l’étude. Au delà de l’argumentaire économique ou culturel, avoir du plaisir en apprenant est peut-être la voie royale pour capter l’intérêt du plus grand nombre, développer un rapport positif à la langue française et un plus grand engagement envers la francophonie.
Les ateliers qui attendaient les congressistes s’inscrivaient dans un continuum d’apprentissage pour répondre aux différents intérêts et besoins non seulement des élèves, mais aussi des parents et de tous les intervenants du secteur de l’éducation. « Ce congrès est le résultat d’une belle collaboration avec différents partenaires qui ont tous à cœur la francophonie et qui désirent que nous passions d’un français de tête à un français de cœur », synthétise Claire Thibideau, consultante en éducation et présidente du comité de la thématique.
Ces ateliers ont permis de mettre en lumière des expériences concrètes ayant été tentées un peu partout au pays, que ce soit, par exemple, la mise en place d’une radio-web dans des écoles secondaires de Montréal, la création d’une politique d’aménagement linguistique et culturel au Nouveau-Brunswick ou les initiatives destinées à renforcir la construction identitaire dans les écoles de langue française du Pontiac, une région du Québec où les francophones sont minoritaires.
Des spécialistes chevronnés ont proposé des méthodes d’enseignement créatives faisant appel aussi bien à la technologie, à la musique et à l’humour. Des thèmes très variés ont été abordés par les congressistes : l’importance de bien préparer un jeune enfant pour son entrée à l’école, comment composer avec les familles exogames pour assurer une transmission du français, l’art de fondre ludicité et apprentissage pour tous les âges, les possibilités ouvertes par le réseautage entre écoles, maximiser l’engagement parental, s’amuser tout en favorisant l’attachement à la francophonie, etc. De nombreux exposants étaient également sur place pour promouvoir leurs produits et services à vocation pédagogique.
Une délégation composée de 70 élèves a aussi participé au congrès, notamment à l’occasion d’une table ronde au cours de laquelle ils ont échangés avec l’ensemble des participants. L’implication de la jeunesse dans ce congrès ne s’est cependant pas limitée à cet exercice de réflexion. En effet, après le banquet de vendredi, des élèves des écoles l’Essor (Windsor), Jean-Vanier (Welland) et LaMarsh (Niagara Falls) ont offert une version condensée du célèbre spectacle L’écho d’un peuple. La veille, les congressistes avaient eu l’occasion de se détendre en assistant aux prestations de jeunes humoristes. Bref, joignant l’utile à l’agréable et illustrant en cela le thème du congrès, les participants ont pu passer un bon moment en célébrant les 400 ans de présence francophone en Ontario et le 40e anniversaire du drapeau franco-ontarien. Un duo de chanteurs-musiciens, Joëlle Roy et Michel Payment, ont complété le volet ludique de l’événement le temps de quelques chansons.
L’ACELF a bénéficié de l’appui du gouvernement provincial dans l’organisation de ce congrès, notamment par le biais d’une subvention de 40 000 $. La présidente du congrès n’était d’ailleurs nulle autre que Janine Griffore, sous-ministre adjointe au ministère de l’Éducation de l’Ontario. Soucieux de garantir le succès de l’événement en termes de participation, le ministère de l’Éducation avait également entrepris de soutenir financièrement l’envoi de nombreux délégués ontariens. Ainsi, environ 50 personnes représentant les trois conseils scolaires du Centre-Sud-Ouest et 54 autres participants issus des 9 autres conseils, à raison de 6 pour chacun d’eux, ont eu le privilège d’y prendre part.
Des dizaines d’élèves, parrainés par le Ministère, y ont aussi participé, dont une importante délégation du sud de la province. Ayant été à l’emploi d’un conseil scolaire pendant de nombreuses années, Mme Griffore se sent particulièrement interpellée par ce congrès : « C’est une source de fierté pour nous que d’être capable d’accueillir la francophonie canadienne ».
Le congrès fut également l’occasion, pour l’ACELF, d’ajouter à sa liste de membres honoraires trois personnalités ontariennes : Claudette Boyer (à titre posthume), Ginette Plourde et Martin Lalonde. Le dernier point à l’agenda des 650 congressistes était l’assemblée générale annuelle, à la suite de quoi l’Association canadienne d’éducation de langue française a tourné la page sur une autre année bien remplie.
Photo: Un nombre impressionnant d’ateliers attendait les congressistes.