Les Ballets Jazz de Montréal (BJM) donnent carte blanche au chorégraphe israélien Itzik Galili pour une soirée en trois volets au FirstOntario Performing Arts Centre de St. Catharines, le mardi 27 février.

Les spectateurs plongeront tout d’abord dans l’univers sensuel et envoûtant de Casualties of Memory, un ballet de groupe abstrait sur des musiques de percussion mimant la symbiose en fragile équilibre entre les hommes et les femmes. Cet enchaînement de mouvements, à la fois ethniques et contemporains, évoquera avec force et poésie l’égalité des genres.

Dans Mono Lisa, on retrouvera l’homme et la femme, cette fois en compétition dans un duo d’acrobaties mêlant séduction et rivalité, en musique et sous le feu des projecteurs qui donneront à la scène des allures de labyrinthe industriel. Un univers qui tranchera avec Balcao de Amor. Cette dernière performance célébrera l’âge d’or de la musique cubaine des années 1950. La musique du roi du mambo que le chorégraphe a ramenée dans ses valises depuis les Caraïbes créera un climat léger, fou et dynamique.

« Ces trois ballets ont la même signature mais l’approche est extrêmement diversifiée avec des atmosphères en contraste, analyse Louis Robitaille, directeur artistique des BJM. Le travail très riche d’Itzik Galili apporte beaucoup de couleur et d’énergie sur scène. Ses influences israéliennes transparaissent dans une exécution exigeante, précise, très ancrée dans le sol, un mouvement quasi bestial, non dénué d’un certain sens de l’humour. Peu de chorégraphes touchent à cette facette de l’interprétation. »

En chef d’orchestre minutieux, le chorégraphe pousse la précision en s’impliquant dans l’éclairage et les costumes, avec pour obsession la rigueur de la danse classique. L’esthétique est d’ailleurs un principe fondateur des BJM qui depuis une vingtaine d’années ont résolument mis le cap sur la fusion des styles, des danses, des disciplines et des techniques.

« Mon principal souci a été de respecter la personnalité de la compagnie et de la lancer dans l’actualité, en misant sur la multidisciplinarité et les grandes pointures de la nouvelle génération, ceux qui influencent la danse comme Crystal Pite ou Aszure Barton, explique M. Robitaille à la tête des BJM depuis 20 ans. Le pari n’était pas gagné d’avance car le public ne les connaissait pas. Mais on voulait exposer les gens à cette évolution, ce dynamisme de la danse contemporaine. Les ancrer dans cette réalité passait aussi par la fusion de la danse, du théâtre, de la vidéo, sans perdre de vue l’excellence de l’exécution. »

Dans les allées des théâtres canadiens et du reste de la planète, le choc des générations n’a pas eu lieu : un public élargi, de tout âge, assiste aux représentations. Plus de 2000 spectacles ont été vus dans 67 pays par 2 millions de spectateurs. « Rien n’est trop complexe ni inaccessible. Un bon spectacle est un bon spectacle, tranche-t-il. Notre volonté est d’amener du bonheur et de la beauté. »

Les tournées à travers le monde ont permis à la compagnie québécoise de nouer des contacts et d’ouvrir de nouvelles portes qui nourrissent ses collaborations et ses créations. La dernière en date, Dance Me, est inspirée par les chansons du légendaire poète et musicien Leonard Cohen et synthétise ce savoir-faire novateur en constante évolution. Le mariage des danses, des artistes, des chorégraphes et des techniques façonne une scénographie originale. « C’est un projet ambitieux dans lequel on a poussé encore un peu plus loin l’exploration. On vise toujours plus haut », ajoute Louis Robitaille pour qui l’avenir passera aussi par les arts circassiques et l’apport d’autres technologies qui restent à inventer.

Céline Cassone et Mark Francis Caserta interprètent Mono Lisa (©Alan Kohl)
Louis Robitaille, directeur artistique des BJM. ©Marc Montplaisir
Itzik Galili, chorégraphe international. © photo Gadi Dagon

Photo en couverture (©Thierry Du Bois-Cosmos Image) : Casualties in Memomy.