Silence général à l’Auberge Richelieu. En ce mardi 2 mai, seuls quelques chuchotements imperceptibles de candidats visiblement soulagés au premier rang viennent troubler l’atmosphère solennelle du 43e concours d’art oratoire des écoles catholiques de langue française. Après de longues minutes de délibération, les trois juges et le chronométreur font leur retour dans la salle, sous l’œil attentif de la maîtresse de cérémonie et des parents venus assister à la prestation de leur progéniture.
Sept élèves participants de 7e et de 8e années représentent les écoles Saint-Joseph (Port Colborne), Jean-Vanier, Saint-François-
d’Assise et du Sacré-Cœur (Welland). Ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour exprimer, devant un auditoire attentif, leurs convictions et leur talent de dramaturge.
Parce que l’art de s’exprimer, c’est l’art de convaincre, Mylène Erazo DeAmaral a défendu une juste cause, celle de l’exploitation et du travail des enfants, plaidant pour que l’on « mette dans la main des jeunes du monde entier un stylo plutôt qu’un outil ». Joignant les gestes à la parole, l’élève de Saint-François-d’Assise a su convaincre le jury pour ravir la première place dans la catégorie Discours, devant Garyn Burns. L’élève de Jean-Vanier n’a pas démérité en dénonçant avec fougue les conséquences dévastatrices de la déforestation.
Mia Nanini (Sacré-Cœur) et Kaitlyn Charon (Saint-Joseph) repartent avec un prix de participation. La première s’est livrée, chiffres à l’appui, à un réquisitoire édifiant contre le massacre des requins, ou comment des préjugés peuvent conduire à l’extinction d’une espèce et au déséquilibre de l’écosystème. La deuxième a choisi le registre de l’humour, ironisant sur son aversion pour les enfants et concédant avec éloquence être la « réalisation humaine de l’irresponsabilité. » Un exercice amusant rappelant probablement aux parents quelques expériences vécues, aussitôt effacées par un sentiment de fierté en cet instant crucial.
« Un endroit pour dormir! » Il hurle, il sanglote, il invective le public… Dans la peau de l’Ours Grincheux (qu’il ne vend pas avant de l’avoir tué) et des autres personnages du livre jeunesse de Nick Bland, Benoît Grenier a surpris, capté et fasciné son auditoire. Malgré son extinction de voix, l’élève du Sacré-Cœur et seul garçon en compétition a remporté le concours dans la catégorie Dramatisation, devant Brianna Kore (Jean-Vanier) et Gabrielle Lord (Saint-Joseph).
L’étape la plus stressante du concours fut certainement l’improvisation, au cours de laquelle les jeunes orateurs disposaient de trois minutes pour plancher sur la question Comment interviens-tu auprès d’un ami qui tient des propos négatifs sur une autre personne sur les médias sociaux? « Ils se sont tous exprimés avec conviction et créativité, estime le directeur de l’école Sacré-Cœur, Paul Lafontaine. Les occasions de parler en français sont rares. Cela développe leur capacité à improviser, leur confiance en eux et leur fierté d’être francophone. »
Trois audacieux élèves de 6e année se sont aussi essayés à l’exercice du discours. Ashley, Mia et José ont affiné leur sens de l’argumentation et démontré qu’ils étaient prêts à revenir l’année prochaine. « Je vois en vous des comédiens que l’on reverra », a conclu Benoît Mercier, président du Club Richelieu Welland, fidèle partenaire du concours.
Photos : Les participants de 6e, 7e et 8e année.
Des parents très fiers de la prestation de leur enfant.
Les deux lauréats : Benoit Grenier (dramatisation) et Mylène Erazo DeAmaral (discours).
Kaitlyn Charron, Mylène Erazo DeAmaral, Mia Nanini et Garyn Burns se sont illustrées dans la catégorie Discours.
Benoit Grenier, Gabrielle Lord et Brianna Kore ont fait preuve d’éloquence dans la catégorie Dramatisation.