L’un des points d’attraction de la région de Niagara reste, à coup sûr, le canal Welland, une œuvre de génie technologique dont la première version remonte à 1824. Le canal utilisé à l’heure actuelle est la quatrième version construite de 1913 à 1932. Long de 42 km, le canal Welland comporte huit écluses dont sept dans l’escarpement du Niagara et une huitième à Port Colborne. Il permet de contourner les chutes du Niagara en reliant Port Weller sur le lac Ontario à Port Colborne sur le lac Érié.
L’un des points d’observation de cette œuvre du génie humain qui a révolutionné la navigation et le commerce mondial se trouve à l’écluse 3 où se trouve également un musée. Une sorte de reconnaissance du rôle joué par ce chantier titanesque dans la transformation du village de St. Catharines en une ville moderne qui compte aujourd’hui quelque 132 000 habitants.
Selon Meredith Léonard, coordinatrice du site, l’immense chantier que fut le canal Welland a attiré des travailleurs venus d’Irlande, d’Italie et d’Europe de l’Est. Le besoin du travail a engendré celui de s’installer définitivement dans les villages traversés par le canal.
Avec la construction de l’écluse 3, d’autres entreprises ont suivi le mouvement de la population pour s’installer et développer leurs affaires qui vont changer la face du petit village d’antan. Et afin que nul ne l’ignore, le musée de St. Catharines affiche fièrement ce qui suit : « St. Catharines : la ville que le canal a bâtie ».
Chaque jour, ce site ouvre ses portes aux nombreux visiteurs pour admirer l’une des huit écluses de ce canal qui est enseigné dans les cours de géographie à travers le monde. Avec un peu plus de chance, les visiteurs peuvent assister à l’arrivée d’un navire dans l’écluse 3, la montée des eaux dans l’écluse, l’ouverture des portes géantes et la sortie du navire de l’écluse. Là où il fallait, jadis, conjuguer les muscles humains avec ceux des bêtes de somme, désormais la technologie fait l’affaire avec en sus un gain énorme en temps.
Pour que la navigation sur le tronçon du canal Welland qui traverse St. Catharines ne gêne pas la circulation routière, des ponts levants et basculants relient harmonieusement les deux rives du canal. « Sans le canal, l’histoire de la ville serait différente », conclut la coordinatrice. Le canal de Welland est une route navigable qui mène à tous les grands ports du monde comme l’indique si bien un panneau sur le site.
L’histoire du canal s’est écrite à la sueur du front et au sang des milliers d’ouvriers que salue le musée. Aussi, elle reconnaît le mérite de deux pionniers et défenseurs acharnés de ce projet, qui pour son temps, n’était pas loin d’un mauvais rêve. Pourtant, le rêve est devenu réalité. Le premier, c’est William Hamilton Merritt, descendant d’une famille loyaliste new-yorkaise et commerçant doublé d’un industriel dans le Niagara. On lui attribue la paternité de cette idée dès 1818.
Le second, c’est le général britannique Arthur Wellesley dit Duc de Wellington, le tombeur de Napoléon Bonaparte à Waterloo (Belgique) en 1815. Le musée lui attribue ces paroles prononcées en 1814 : « Je crois que la défense du Canada (une colonie britannique à l’époque) repose sur la navigation sur ses lacs ». Six ans plus tard, l’histoire rapporte que le Duc de Wellington avait acheté 50 actions de la Compagnie du canal
Welland.
Le canal Welland, c’est aussi ces chiffres qui illustrent son impact sur l’économie canadienne : 40 millions de tonnes de marchandises et quelque 3000 bateaux de toutes tailles par année.
Donat M’Baya