Christiane Beaupré – IJL Réseau.Presse – Le Régional de Hamilton-Niagara
Le mardi 29 juillet, l’hôtel de ville de Hamilton a été le théâtre d’un nouvel épisode dans la longue saga du centre scolaire-communautaire francophone. Malgré une présence remarquée de la communauté et quelques heures de présentations passionnées, la décision attendue a été reportée au 9 septembre. Une déception de plus pour les francophones, mobilisés depuis 2013 pour obtenir un espace éducatif et communautaire adapté à leurs besoins.
Le projet, qui regrouperait l’Académie catholique Mère-Teresa, l’École secondaire Georges-P.-Vanier ainsi qu’un centre communautaire, vise à remplacer des établissements jugés vétustes et inadéquats. Depuis plus d’une décennie, les écoles actuelles fonctionnent dans des bâtiments trop petits, sans gymnase réglementaire, sans cour, avec des locaux parfois sans fenêtres. Des conditions qui nuisent non seulement à l’apprentissage, mais aussi à la vitalité même de la communauté francophone locale.
L’affaire avait pris une tournure juridique dès 2013, lorsque le Conseil scolaire catholique Centre-Sud (aujourd’hui MonAvenir) avait intenté une poursuite contre la province, invoquant l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. L’année suivante, le juge François Lemieux leur donnait raison, concluant que les droits des francophones à une éducation équivalente avaient bel et bien été bafoués.
En 2016, l’Ontario annonçait un investissement de 25 millions pour la construction du nouveau centre au 16, rue Broughton. Mais l’opposition de certains résidents, des problèmes d’urbanisme et des contraintes environnementales ont mené à l’abandon du site. C’est en 2020 que les conseils scolaires ont proposé un nouvel emplacement : un terrain sur le chemin Garner, à Ancaster. Des études environnementales ont confirmé la viabilité du site, mais les démarches se sont heurtées à d’autres lenteurs administratives.
Le 29 juillet 2025, tous les espoirs étaient tournés vers le comité municipal de planification. Parents, élèves, enseignants et représentants scolaires se sont relayés pour faire entendre leur voix. Geneviève Grenier, présidente du Conseil scolaire catholique MonAvenir et porte-parole des deux conseils scolaires francophones dans ce dossier, déplore l’inaction municipale : « Il est tout à fait inacceptable qu’après toutes ces années, les élèves francophones de Hamilton n’aient toujours pas leurs nouvelles écoles secondaires, alors que les anglophones ont vu une dizaine de projets se réaliser pendant ce temps. »
Parmi les intervenants, Christian Latour, s’est exprimé avec sincérité et conviction : « En tant que père francophone, j’étais confronté à un choix injuste : préserver la langue française ou garantir des infrastructures adéquates à mon fils. » Il a aussi rappelé que « notre communauté mérite enfin des écoles modernes, équitables et adaptées à nos besoins ».
La réunion, qui a duré près de trois heures, n’a cependant pas débouché sur l’approbation du projet. La Ville et le promoteur ne se sont pas entendus sur les 120 conditions préalables exigées pour la viabilisation du terrain. Le promoteur a demandé un délai supplémentaire de 40 jours pour réévaluer le dossier. La Ville, bien que propriétaire du terrain, refuse d’en assumer les coûts de mise aux normes, notamment pour les infrastructures liées aux transports, aux risques d’inondation ou à la protection environnementale.
« Cette situation suscite une vive inquiétude quant au manque d’engagement de la municipalité. Il est à noter que Andrea Horwath, mairesse de Hamilton depuis 2022, n’a jamais été présente aux réunions et il demeure incertain qu’elle soit même informée du dossier. Il est important de continuer à se faire entendre. Plus on en parle, plus notre voix portera », poursuit Mme Grenier.
La décision a donc été reportée au 9 septembre, le dossier demeurant désormais entre les mains de la Ville et du promoteur. Il est important de rappeler que le terrain n’appartient plus au promoteur mais à la Ville, laquelle ne souhaite toutefois pas assumer le coût des travaux nécessaires. Cette situation soulève des interrogations sur la capacité de la Ville à faire avancer le projet, tout en laissant de côté les besoins et les droits de la communauté francophone.
Photo: Des représentants de la communauté francophones de Hamilton à la réunion du Comité de planification de la Ville le 29 juillet. (Crédit : ACFO Hamilton)