Fété Ngira-Batware Kimpiobi, connue dans la région du Niagara comme la directrice générale de Sofifran, a publié cette année sa cinquième œuvre littéraire – sa troisième au Canada – intitulée Yvon Kimpiobi Ninafiding Nki-Ekundi, autobiographie (publiée à titre posthume).
Il s’agit du récit d’un des pionniers de l’indépendance du Congo belge, Yvon Kimpiobi Ninafiding Nki-Ekundi. Celui-ci a relaté ce « récit de vie » à l’âge de 84 ans alors qu’il était atteint de cécité. Il s’est confié à son gendre, Clément Ngira-Batware.
« L’apport essentiel de ce récit de vie est un exemple de courage, de persévérance, de grandeur d’esprit, de loyauté, d’honnêteté et surtout d’humilité et de modestie. Yvon Kimpiobi a passé ses dix premières années dans la tradition ancestrale, sans autre perspective que de devenir un bon villageois adulte apte aux travaux des champs, à la chasse et à la pêche.
« Ensuite, il s’est scolarisé courageusement, dans des circonstances de scolarité interdite par la colonisation et sans perspective évidente de réalisation d’une vie, profitant de rares écoles autorisées pour former le personnel subalterne local.
« Il s’est forgé au fil du temps et des événements, la plupart tragiques : brimades coloniales, apartheid, troubles, rébellions, massacres, révocations illégales, dictature, anarchie, etc. Au moment où le ciel de mon pays s’assombrissait chaque jour à doses thérapeutiques si infimes qu’il était difficile au citoyen kinois du quotidien de déceler la force de l’ouragan qui se profilait derrière les nuages sombres venant de l’Est du pays », explique en prologue Fété Ngira-Batware Kimpiobi.
« Mon défunt mari, qui était un professeur d’histoire, a décidé d’enregistrer son beau-père en 1997, puisqu’il était une personnalité politique qui a participé à l’histoire du Congo, avant que nous quittions le pays à cause des guerres ethniques, raconte Mme Kimpiobi. Nous sommes venus au Canada en 1999 et, en 2005, je suis arrivée à Welland avec mon mari qui, malheureusement, est décédé en 2007. J’ai donc décidé, avec beaucoup de patience au fil des années et avec l’aide d’un vieil ami au pays, de réunir et d’écouter tous les bouts d’enregistrements que mon mari avait réalisé avec mon père et d’écrire son histoire à titre posthume.
« Dans la première partie, il relate sa vie de jeune homme congolais durant la colonisation, à l’époque où les colons belges étaient présents avec énormément de contraintes. Puis dans la deuxième partie, il parle de sa vie politique, de son rôle lorsque les Congolais ont commencé à mener une lutte pour l’indépendance, mon père faisait partie de ce groupe. Il y a eu des mouvements dans la population et c’est mon père qui a demandé l’indépendance immédiate et inconditionnelle du Congo.
« Une histoire fascinante au cours de laquelle mon père a joué un rôle majeur et est devenu un personnage historique. Je suis très fière d’avoir pu écrire cette page de l’histoire de l’indépendance de mon pays natal dont ma seule motivation était de faire ma petite part pour qu’un jour, lorsque toutes les anecdotes de cette époque seront récupérées, toute l’histoire de l’indépendance du Congo sera enfin complétée », conclut l’auteure.
Photo : Fété Ngira-Batware Kimpiobi