Il y a beaucoup à apprendre sur l’histoire, la culture et la réalité socioéconomique des Premières Nations. Qui de mieux qu’un communicateur chevronné, aux expériences de vie diversifiées et autochtone de surcroît pour en parler? C’est pourquoi George Couchie a été invité à animer des ateliers dans quatre écoles du sud de la province dans le cadre d’un partenariat, appuyé financièrement par le ministère de l’Éducation, entre l’organisme Élargir l’espace francophone et les conseils scolaires MonAvenir, Providence et Viamonde.
George Couchie réside dans la communauté dont il est originaire : la Première Nation de Nipissing, près de North Bay. C’est dans cette région qu’il a exercé le métier de policier pendant 33 ans. Cette expérience l’a amené à côtoyer toutes sortes de gens dont les plus vulnérables et les plus accablés par le malheur. Plusieurs d’entre eux sont des Autochtones et M. Couchie a peu à peu conçu des programmes à leur endroit, notamment pour les jeunes, et il poursuit cette initiative depuis qu’il a pris sa retraite des forces policières. Ses ateliers s’adressent aujourd’hui à différents publics et son engagement lui a valu plusieurs distinctions.
Le 6 février dernier, c’est à l’Académie catholique Mère-Teresa (ACMT), à Hamilton, que la communauté était invitée en soirée pour un survol de la culture des Amérindiens et de leur vécu. Il serait cependant plus exact de dire, comme M. Couchie l’a souligné, que l’atelier portait surtout sur les croyances et coutumes des peuples qui, comme lui, appartiennent au groupe culturel des Anishinaabes.
L’atelier reposait exclusivement sur les enseignements de l’ex-policier. Lors des présentations auprès des groupes d’élèves, il est cependant accompagné de Félix Larocque, un adolescent de l’Est ontarien qui s’est réapproprié ses racines algonquines et mohawks et qui décrit son parcours aux autres jeunes. Félix Larocque était présent à l’activité tenue à l’ACMT où il a adressé quelques mots aux participants.
Les enfants et adolescents constituent en effet un sujet de préoccupation important pour George Couchie. Ceux qui grandissent dans les réserves ont, dans l’état actuel des choses, une probabilité de 50 % de ne pas finir leurs études secondaires et 50 % de faire un jour un séjour en prison. Bien que les Métis et Autochtones ne forment que 3,9 % de la population canadienne, ils forment près de 25 % de la population carcérale masculine et cette proportion s’élève à environ 33 % du côté des femmes.
C’est pourquoi M. Couchie répète inlassablement aux jeunes issus des Premières Nations de compléter leur scolarité et de se tenir loin des drogues et de l’alcool. Si ces problèmes sont à ce point prévalant dans les communautés autochtones, c’est parce que les liens entre les générations ont été rompus par les pensionnats et que les Premières Nations ont longtemps perdu l’estime d’elles-mêmes dû à la honte entourant l’appartenance à leur culture.
Cette réalité a été, au cours des dernières années, amplement révélée à la population par diverses initiatives dont la Commission de vérité et réconciliation. Or, George Couchie en parle avec l’autorité d’un policier qui a grandi dans ce milieu et qui, dans le cadre de son travail, en a vu les conséquences au quotidien. Il a constaté à quel point la difficulté pour les parents et les enfants à nouer des liens peut conduire les jeunes à fréquenter des individus (trafiquants de drogues, délinquants, etc.) qui les entraîneront sur le mauvais chemin. Parlant d’expérience, il a aussi remarqué que ceux qui ont redécouvert leur culture s’en sortent mieux.
Faire connaître la culture et la spiritualité autochtones constituait d’ailleurs une part importante de la présentation qui, en dépit des faits parfois navrants qui étaient relatés, n’en était pas moins pimentée d’humour.
Les participants à ces ateliers sont toujours réunis en cercle, une forme qui rappelle des sources de vie telles que le soleil et les nids d’oiseaux. Au centre, des objets de toutes sortes étaient rassemblés dont M. Couchie a expliqué la signification. Ainsi, les hochets, très utilisés en musique autochtone, produisent un son bref et concis symbolisant l’étincelle créatrice du monde. Autre exemple : une carapace de tortue serpentine est composée de 13 plaques représentant les 13 pleines lunes qui, se produisant aux 29 jours, correspondent plus ou moins à la durée d’une année. Ces pleines lunes sont aussi associées à des tâches et des occasions de cueillette et de chasse qui varient en fonction des saisons.
Un des symboles les plus couramment associés aux Premières Nations est la roue de médecine, un cercle séparé en quartier de couleurs différentes. M. Couchie en a évoqué les nombreuses interprétations : les quatre herbes sacrées, les quatre saisons, les quatre points cardinaux, etc. Le tambour est un autre emblème qui doit sa popularité à la symbolique qui en associe le son aux battements de cœur d’une mère. Chez les Anishinaabes, les femmes, étant celles qui donnent la vie, ont pour rôle traditionnel d’en assurer la protection.
Bref, les explications de George Couchie ont permis à l’assistance d’entrer dans l’univers intime des Premières Nations et d’en comprendre les différentes facettes. En même temps, ses enseignements avaient une dimension universelle et humaniste qui ont touché tous ceux présents. Les participants ne sont pas non plus restés passifs puisque, au cours de la présentation, M. Couchie les a invités à l’accompagner dans l’interprétation d’une chanson, un exercice qui a plu à chacun.
PHOTO: Avec des hochets, les participants battent la mesure d’une chanson interprétée par George Couchie.