La Nuit des chercheurs, qui s’est tenue le 10 février dernier, est un événement annuel organisé par Florence Roullet, grâce à l’appui de l’Université McMaster et des services culturels de l’ambassade de France au Canada. Cette soirée permet aux résidents de Hamilton d’échanger avec des scientifiques et d’assister à des conférences. En choisissant cette année la nourriture comme thématique, les organisateurs ont mis de l’avant un champ d’exploration dont le commun des mortels comprend d’emblée l’importance dans son quotidien.

Cette vie de tous les jours ne fait que rarement référence aux concepts scientifiques mais est illustrée de mille façons dans les arts. Il n’était donc pas surprenant que l’une des universitaires invitées, Geneviève Sicotte, professeure titulaire au Département d’études françaises de l’Université Concordia, ait fait une présentation sur l’imaginaire entourant la nourriture.

Pour poursuivre dans cette veine en donnant aux intéressés l’occasion de développer leurs aptitudes en écriture, Hélène Caron, doctorante au département de français de l’Université McMaster, a organisé un atelier de création littéraire dans la foulée de la Nuit des chercheurs. Elle était assistée dans cette initiative par Joëlle Papillon et Suzanne Crosta, professeures, et Monica Salib, étudiante.

Mme Sicotte est spécialisée dans la littérature française et québécoise mais c’est le haïku, issu de la culture japonaise, qu’elle a emprunté pour cette activité.

« C’est une poésie brève du quotidien, du petit détail, qui permet de voir ce que l’on ne verrait pas habituellement », a résumé Geneviève Sicotte. D’abord codifiée par les Japonais et adaptée à leur langue, la poésie sous forme de haïkus se caractérise par une succession de trois vers et par un ton coulant qui contraste avec la cadence caractérisant les œuvres françaises classiques.

Dans le haϊku, le moi s’efface au profit de l’objet, en ce sens que l’action cède souvent le pas à la contemplation. C’est pourquoi les références aux saisons, aux perceptions sensorielles, à la fugacité du moment présent, etc., sont souvent évoquées, le haϊku visant traditionnellement à circonscrire en mots ce qui est impalpable.

Après ce cours-éclair sur la poésie japonaise, Mme Sicotte a invité les participants à l’atelier à se creuser les méninges pour composer leurs propres haϊkus en s’inspirant de photos d’aliments. En quelques minutes, individuellement puis en équipes, les poètes en herbe ont couché sur papier d’étonnantes compositions, inspirées pour les uns de souvenirs et pour les autres des couleurs, textures et mises en scène qui dominaient sur les photos. Les participants partageaient ensuite leurs créations avec le reste du groupe et chacun bénéficiait des commentaires de ses vis-à-vis.

Être capable de pondre des chefs-d’œuvre n’est pas un prérequis pour écrire de la poésie. Faire place à l’intuition et prendre son temps suffisent souvent pour créer quelque chose de valable. En cela, la démarche pour écrire un haϊku et ce qui se dégage du produit fini partagent des similitudes.

PHOTO : L’atelier s’est tenu à l’Université McMaster.