Il est commun de juger de la participation populaire à un évènement par le nombre de gens qui y assistent. Or, ce qu’il y a de mieux, c’est de constater qu’au-delà de la foule imposante, le public, bien loin d’être passif, participe activement à l’activité. Ces deux conditions ont été réunies, le 16 mai dernier, pour faire des « portes ouvertes » de Sofifran, organisées dans le cadre du Folk Arts Festival de St. Catharines, une réussite mémorable.

C’est entre 18 h et 19 h que l’évènement a connu son apogée, sur l’heure du souper donc, puisque la nourriture constitue un attrait non négligeable de ces rassemblements festifs organisés par les diverses communautés culturelles de la ville. Une soixantaine de personnes se trouvaient alors dans la salle paroissiale attenante à l’église Immaculée-Conception. 

Les ambassadeurs de plusieurs communautés étaient également venus faire un tour : Grèce, Ukraine, Slovaquie, Chine, Croatie, Pologne, Inde, Philippines et Amérique latine. C’est Nehemie Surin qui, cette année, représentait Sofifran, et par-delà les francophones originaires d’Afrique et des Caraïbes. Pendant le va-et-vient au buffet de mets haïtiens et africains, le musicien Amadou Kienou et ses acolytes Derek Thorne, Adama Daou et Mabimty Sylla débutaient leur spectacle. Amadou Kienou est un nom familier à plusieurs et pour cause : originaire du Burkina Faso, cet artiste réputé a déjà été invité par Sofifran à quelques reprises dans le passé.

La musique traditionnelle s’est rapidement couplée à la danse et c’est à ce moment que l’intérêt, voire l’enthousiasme du public, est devenu évident. D’abord, une prestation énergique de Mme Mabimty Sylla a fait voir les mouvements de base d’une danse africaine. Puis, Amadou Kienou s’est révélé non seulement bon musicien mais également bon animateur puisqu’il a progressivement réussi à faire lever toute l’assistance, au sens propre comme au sens figuré. 

Les ambassadeurs ont dans un premier temps été invités à se joindre à Mme Sylla pour exécuter quelques pas de danse, exercice auquel ils se sont prêtés avec amusement. Bien que tous aient offert une bonne performance, il en est une qui, à l’étonnement de tout le monde, avait manifestement la danse africaine dans le sang. C’est ainsi que Leah Zahorchak, ambassadrice slovaque, fut rappelée par M. Kienou pour s’exécuter à nouveau mais cette fois en compagnie d’un membre de l’assistance. 

Il est de coutume, dans les activités de ce genre, de surprendre le public en désignant des spectateurs pour les convier à se joindre au spectacle. Robert Renaud, président du club de l’âge d’or Les Bons Vivants, fut l’heureux élu. Coïncidence ou geste délibéré, M. Renaud portait alors une chemise aux motifs on ne peut plus africain. Quoi qu’il en soit, ce duo contrasté a offert pendant un court instant une performance colorée et dynamique.

C’est peu dire que la glace était brisée : elle était véritablement en miettes. Amadou Kienou a enjoint le public à danser à son tour en suivant ses mouvements et toute la salle s’est exécutée avec entrain. Ce fut un beau moment de participation populaire que l’on voit rarement.

La fête s’est poursuivie jusqu’en milieu de soirée. Pour Sofifran, l’édition 2015 de ses « portes ouvertes » à St. Catharines laissera sans conteste un excellent souvenir.

Photo: Quelques ambassadrices suivent de près les pas de danse de Mme Sylla.