C’est avec une chanson « flambant neuve pour sa blonde » que Stef Paquette a lancé son spectacle au Centre français de Hamilton, le mercredi 12 novembre. Seul sur scène pour cette première pièce, il a tôt fait de créer des liens avec le public. Puis, ses musiciens – Alain Barbeau à la guitare acoustique et Patrick Pharand au violon – se sont joints à lui pour le reste de la soirée.

Assister à une performance de Stef Paquette, et surtout lorsqu’il présente son album intitulé Salut de l’arrière-pays, c’est aussi faire connaissance avec sa famille, découvrir les réalités du Nord de l’Ontario, partager certaines de ses préoccupations quotidiennes et, surtout, se laisser bercer par de merveilleuses mélodies et des textes touchants.

Récipiendaire de nombreux prix dont deux Trille Or pour Salut de l’arrière-pays (Meilleur album et Meilleure pochette), Stef Paquette est natif de Chelmsford, près de Sudbury. Lorsqu’il mentionne le nom de sa ville natale du Moyen-Nord ontarien, une spectatrice mentionne qu’elle aussi est native de cet endroit. Sceptique, il lui demande alors pour la tester : « Sur quelle rue est situé l’aréna à Chelmsford? », et la dame de répondre : « Je ne sais pas. Je restais près du lac ». « Ça se comprend. Vous n’alliez pas souvent à l’aréna », renchérit l’auteur-compositeur-interprète. Les interactions de la sorte ont été d’ailleurs nombreuses tout au long de la soirée. Les talents d’improvisateur de Stef Paquette étaient parfois durement mis à l’épreuve.

« Je ne suis pas un vrai gars du Nord, confie-t-il à un certain moment. Je ne fais pas de chasse. » En fait, c’est « sa blonde », de descendance autochtone, qui prend plaisir à chasser et… à lui demander lorsqu’ils se dirigent vers Timmins de ramasser les porcs-épics morts le long du chemin pour les apporter à sa grand-mère qui, elle, fabrique des paniers avec les aiguilles. « Il faut vraiment être en amour pour faire ça », avoue-t-il entre deux chansons.

De sa blonde actuelle à son ex, il n’y aura qu’une chanson qui les sépare sur scène : Télémaniaque, qui figure sur son album L’homme exponentiel. Chanson qu’elle avait écrite pour lui. Peut-être, jugeait-elle, qu’il passait trop de temps devant la télé.

Puis, Stef Paquette enchaîne avec Raconte-moi des histoires, une toune pour laquelle il sollicite la participation du public pour chanter les «  la la la la ». « Il y a une chorale sur l’album… », rappelle-t-il. Et, avec les chansons qui suivraient, le chanteur allait séduire l’assistance en lui racontant des épisodes de la vie de certains membres de sa famille, à laquelle se greffe parfois la triste réalité du Nord ontarien. On se r’voit à soir (dédiée à son père, un mineur, qui travaillait  le « graveyard shift » ou quart de nuit), Les petites fraises d’été (pour son oncle qui a repris la ferme familiale), ou encore Pour le moulin (qui témoigne de la réalité de l’impact de la fermeture des moulins dans la petite ville de Sturgeon Falls).

Bref en plus d’être un auteur, compositeur et interprète chevronné, Stef Paquette est également un raconteur hors-pair qui se fait tantôt historien, tantôt blagueur, tantôt professeur. Il se fait parfois confident mais toujours ami. Ce soir-là, au Centre français, les gens se sont véritablement bien amusés, ont bien ri et, surtout, ont apprécié  l’homme exponentiel qu’est Stef Paquette.

Photo : De gauche à droite : Alain Barbeau, Stef Paquette et Patrick Pharand