Alexia Grousson

« Nous voulons réduire la distance entre les peuples », proclame Fété Ngira-Batware Kimpiobi, directrice générale de Sofifran. C’est ainsi que l’organisme a planifié Festiv’Ébène, un festival annuel où de nombreuses activités musicales et d’excellentes performances se succèdent pour offrir à la communauté une expérience mémorable.

Les célébrations ont débuté le 6 février, au Département de Langues modernes, Littérature et Culture de l’Université Brock. Mme Kimpiobi y a effectué une présentation de son organisme Sofifran : son histoire, sa mission, ses objectifs ainsi que le chemin parcouru depuis sa création. Elle a également évoqué un drame que subissent certaines personnes nées au Canada ou qui ont immigré ici dès leur jeune âge : « posséder la double nationalité mais avoir le sentiment de n’appartenir à aucun des deux peuples ».

Puis le 10 février, au centre multiculturel Niagara Folk Arts de St. Catharines, et le lendemain à Hamilton, ont eu lieu plusieurs ateliers et spectacles dont De votre foyer au nôtre. Cette série part à la découverte des richesses culturelles des Franco-Ontariens de toutes origines par l’entremise de quatre artistes : Wandara Topzo, musicien d’origine centrafricaine jouant le djembé et autres instruments à cordes; Saïd Ben Youcef, ce conteur d’origine maghrébine a lu des contes des Mille et une nuits; Paul Lemelin, musicien et violoniste renommé, et Djennie Laguerre, conteuse qui a présenté des contes du patrimoine haïtien. « La beauté des contes est qu’ils ont tous une morale, mais c’est à chacun de l’interpréter à sa façon », relate Mme Kimpiobi.

Exposition

Une exposition sous le thème L’écho des grands lacs africains : les voix et les voies du Rwanda a été présentée durant tout le mois à la bibliothèque de l’Université Brock. Elle est la première d’un projet de trois ans sur trois pays africains. Cette année, le Rwanda était à l’honneur par le biais d’artefacts, d’objets traditionnels et d’artisanat. « L’exposition a suscité de nombreuses questions auprès des jeunes et a levé un voile sur la culture », commente la directrice de Sofifran.

Une journée spéciale

L’école secondaire Franco-Niagara de Welland a organisé le 13 février une journée pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs. Mme Kimpiobi y a donné un atelier sur les contes africains.

« J’ai commencé par des énigmes et des devinettes du pays. Puis, j’ai raconté une histoire sur les divers comportements des gens face à l’argent, la richesse et les conséquences des décisions qu’ils ont prises. J’ai ensuite laissé les jeunes se faire leur propre moralité », poursuit-elle.

Une soirée mémorable

Pour clôturer le mois en beauté, le 24 février a eu lieu, au centre multiculturel Niagara Folk Arts, une soirée avec des artistes renommés et de nouveaux venus.

Des discours ont été prononcés avant que le repas préparé par un couple ghanéen soit servi. Diverses prestations musicales ont suivi. Des artistes de la relève ont ouvert le bal avec des danses modernes. Il y avait les Snowbirds, des jeunes âgés de 3 à 8 ans, et The Move, des ados de 13 à 18 ans.

« C’est important de les mettre en valeur, de les reconnaître et de les encourager. Ils ont besoin d’avoir de l’estime de soi dans ce monde où règne l’instabilité Les participants aux activités du 6 février à l’Université Brock émotionnelle », ajoute-t-elle. D’autres artistes se sont démarqués tels que Borelson, un rappeur aux messages puissants pour stimuler le peuple noir; Abel Maxwell, chanteur qui a fait danser tous les participants grâce à son style musical; et Sérénade Mizik, la touche caraïbéenne de la soirée avec du Kompa et du Zouk. « De ce magnifique mois, je retiens deux grandes idées. Premièrement, les gens ont besoin de socialiser. Ils sont heureux de se regrouper et d’échanger alors Sofifran va organiser davantage de soirées. Deuxièmement, pour rassembler la diversité nous devons continuer de partager nos cultures respectives avec fierté. Chacun apporte sa valeur ajoutée et apprend des autres, c’est ainsi que nous réduirons la distance entre les peuples », ajoute la directrice de Sofifran.

Salon du livre SAFRAN

Le premier Salon du livre des francophonies du Niagara (SAFRAN) a eu lieu en 2020, juste avant le début de la pandémie. Cette année, Sofifran le relance pour sa deuxième édition, du 21 au 24 mars. « L’objectif de ce Salon est de mettre en lumière la littérature francophone du Niagara et plus largement celle de l’Ontario français, d’où le terme de francophonie plurielle, le Niagara possède beaucoup de cultures différentes et c’est l’occasion de mettre notre belle région en valeur », précise Mme Kimpiobi.

L’ouverture du Salon se fera le 21 mars au First Ontario Performing Arts Centre de l’Université Brock. Le thème choisi est Les contradictions des lettres.

« Nous aborderons cette dichotomie qui existe en chacun de nous. On pense, mais on dit autre chose; on planifie, mais on agit autrement. À l’aide de plusieurs tables rondes, nous discuterons des différents angles de cette contradiction, les conséquences qu’elle engendre et comment y faire face », poursuit-elle.

Le comité directeur du SAFRAN, composé de membres de l’Université de Brock et de la communauté ayant pour la plupart été publiés, s’est réuni pour choisir les auteurs invités.

Au total, une vingtaine d’auteurs et une quinzaine de maisons d’édition seront présents au Salon. Il y aura un accent particulier sur la jeunesse.

De plus, Fété Kimpiobi présentera elle-même son projet en cours : Le beignet africain. « Ce sera un beau Salon avec notre marque personnelle et notre originalité », conclut-elle.

Le président d’honneur de la deuxième édition du SAFRAN sera Paul Savoie, originaire du Manitoba et vivant à Toronto et auteur d’une quarantaine de livres en français et en anglais, dans plusieurs genres littéraires.

Photo : Fété Kimpiobi et Justine Djoléi Gogoua