Une quarantaine de femmes s’étaient donné rendez-vous au Centre communautaire francophone de Cambridge (CCFC) en ce vendredi 7 mars, veille de la Journée internationale de la femme. C’est d’ailleurs la coutume depuis quatre ans au CCFC de se retrouver entre femmes à cette occasion. Pourtant, selon la maîtresse de cérémonie, Cécile Lemieux, « cette journée devrait être célébrée tous les jours ».
Cette année, c’est sous le thème « Des clés à la portée de toutes » qu’a eu lieu la célébration. Michelle Dion, Claudette McRae, Sika Eliev et Queen Hezumuryango, des femmes de différentes générations, ont partagé leur vécu et échangé avec l’assistance.
Ainsi Mme Dion et McRae ont fait un retour en arrière, au début des années 1960, pour parler notamment de la vie des femmes à cette époque, surtout dans le domaine du travail. « Aujourd’hui, les femmes peuvent prendre un an de congé de maternité, fait valoir Mme Dion. À la fin des années 1960, j’ai dû retourner travailler six semaines après mon accouchement. (…) Les femmes ont aussi revendiqué des salaires plus élevés. »
« À cette époque, l’homme était le chef dans la maison. Les femmes attendaient que leur mari leur dise pour qui voter, se rappelle-t-elle. (…) J’ai été chanceuse que mon mari me laisse aller à l’école pour devenir infirmière », raconte cette aînée de 16 enfants qui avait dû abandonner l’école à 11 ans pour aller travailler.
Autres générations, autres défis
Originaire de Chicoutimi, Sika Eliev a fait de longues études et a beaucoup voyagé. Professeure en études de la femme à l’Université Laurentienne de Sudbury pendant plusieurs années, revendicatrice inconditionnelle des droits de la femme, Mme Eliev a dressé un tableau de l’émancipation de la gente féminine. « En 1929, dira-t-elle, nous sommes devenues des personnes. Les animaux étaient mieux traités que nous. » Que ce soit sur le plan politique, éducatif, social, familial, etc. les femmes ont encore beaucoup de chemin à parcourir, selon cette universitaire. « La solidarité est importante pour paver le chemin de la prochaine génération », a-t-elle conclu. Ses propos ont d’ailleurs suscité d’intéressantes discussions par la suite.
Pour sa part, la jeune Queen Hezumuryango, qui compte entreprendre des études universitaires en musique, n’a pas souffert de « grandes injustices ». « À 18 ans, avoue-t-elle, je n’ai pas de vécu spectaculaire à partager. » Pour elle, les témoignages des femmes qui l’ont précédée ce soir-là lui ont « enlevé le bandeau des yeux ». Selon l’adolescente, « le féminisme surpasse les frontières. Il n’est plus question de droits des femmes ni ceux des hommes mais plutôt de droits humains. »
Après avoir entendu ces quatre cheminements, les participantes ont pu partager elles aussi leur vécu et poser des questions aux conférencières. Puis, Queen Hezumuryango a interprété la magnifique chanson Une force en toi de la Québécoise Marie-Élaine Thibert.
Chose certaine, la clé du succès de toutes les revendications des femmes passe certes par la solidarité.
Photo : Cécile Lemieux