Dans son projet de loi d’automne déposé le mardi 14 novembre, le gouvernement a entériné la création de l’Université de l’Ontario français. S’il doit encore passer l’épreuve de l’Assemblée législative, ce texte intitulé Loi de 2017 pour un Ontario plus juste et plus fort, constitue dans son annexe 43 une étape cruciale dans la concrétisation du chaînon manquant permettant au plus grand nombre d’étudiants de poursuivre leurs études universitaires en français dans la province.
S’inspirant des conclusions du rapport du comité de planification conduit par Dyane Adam, le gouvernement a inscrit noir sur blanc le profil de l’institution qui aura pour mission de « proposer une gamme de grades universitaires et de programmes d’études en français pour promouvoir le bien-être linguistique, culturel, économique et social de ses étudiants et de la communauté francophone de l’Ontario », dans un schéma de gouvernance « par et pour la communauté francophone ».
La langue officielle, le français, devra être maîtrisée par l’ensemble des professeurs, dirigeants et employés mais aussi des membres du Conseil et du Sénat qui seront les deux organes centraux. Le Conseil sera chargé d’administrer, de définir les missions, les valeurs, le règlement et de gérer le budget, les frais de scolarité, tandis que le Sénat se focalisera sur les programmes et les examens.
« Ce projet de loi est une victoire importante pour la communauté et l’aboutissement de plusieurs mois d’efforts et de concertation entre le nouveau ministère et les ministères clés du gouvernement, a déclaré la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde. Il y a eu beaucoup de spéculations sur ce dossier mais, par cette action très concrète, nous affirmons un engagement fort envers la francophonie : la création d’une université de langue française, à Toronto, désignée par la loi en tant qu’organisme fournissant des services en français. »
Alors que l’adoption de la loi devrait intervenir lors d’un vote de confiance en décembre, un nouveau chantier s’ouvre avec la constitution d’un comité technique de mise en œuvre à qui il reviendra d’élaborer le contenu académique, de déterminer le lieu d’implantation et les affiliations, avant qu’un Conseil des gouverneurs ne prenne le relai. « Nous avons demandé officiellement à Dyane Adam de présider ce groupe de travail qui disposera d’un budget de 1,7 million $ (20 millions $ seront affectés au démarrage de l’institution) », ajoute la ministre.
Un comité au sein duquel les représentants étudiants entendent siéger. « Nous revendiquons que la voix de la jeunesse soit présente à la table du comité de mise en œuvre, a déclaré Pablo Mhanna-Sandova, président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne. L’inclusion de la jeunesse dans cette étape du processus est fondamentale dans le respect de la notion du ‘‘par et pour’’ dont le gouvernement dit reconnaître l’importance ».
Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin, s’est pour sa part dit soulagé : « C’est la première fois que la francophonie prend autant de place au sein d’une mise à jour économique du gouvernement. Cette annonce est d’une importance considérable pour la communauté franco-ontarienne. »
Photo (Universités Canada) : l’Université de l’Ontario français pourrait ouvrir ses portes au centre de Toronto dans un carrefour francophone d’ici 2020 selon les prévisions les plus optimistes.